Le ton monte entre Viktor Orbán et George Soros

Les rapports entre George Soros et Viktor Orbán se sont encore envenimés ces derniers jours, le premier accusant le second d’avoir bâti un « état mafieux » en Hongrie. En retour, la droite au pouvoir fait plus que jamais de Soros l’alpha et l’oméga de toute sa communication.

Nouvel épisode dans les relations houleuses entre le leader hongrois Viktor Orbán et le milliardaire-philanthrope George Soros. Ce dernier a décoché, jeudi, un coup contre le gouvernement hongrois dans un discours tenu au Forum économique de Bruxelles, l’événement économique annuel phare de la Commission européenne : « J’admire le courage avec lequel les Hongrois résistent à la tromperie et à la corruption de l’État mafieux qu’Orbán a mis en place. »

Le Premier ministre incriminé n’a pas mis longtemps à répondre à ce qu’il a qualifié de « déclaration de guerre » : « le seul réseau qui fonctionne comme une mafia en Hongrie, c’est celui dirigé par Soros », a-t-il rétorqué dès le lendemain matin dans son allocution bi-hebdomadaire dans l’émission « 180 perc » de Kossuth Rádió.

George Soros est la cible d’une campagne de diffamation depuis de longs mois, accusé par les souverainistes au pouvoir à Budapest d’ingérence, via la myriade d’ONG qu’il subventionne en Europe centrale et orientale. Ces accusations vont plus loin et prennent une tournure qualifiée d’antisémite par beaucoup d’observateurs : une campagne d’affichage public fait de George Soros le marionnettiste en chef des opposants politiques du Fidesz (de droite et de gauche) et celui-ci est accusé – à demi-mots et parfois ouvertement – d’ourdir un plan d’invasion de l’Europe par des migrants du Moyen-Orient.

« Orbán cherche à […] faire de moi la cible d’une campagne de propagande implacable de la part de son gouvernement »

Devant un millier d’acteurs économiques européens, M. Soros a tenu à évoquer cette situation politique hongroise et le conflit qui l’oppose à M. Orbán : « La résistance en Hongrie doit être aussi surprenante pour Orbán qu’elle l’est pour moi. Orbán cherche à faire passer ses politiques comme un conflit personnel avec moi, faisant de moi la cible d’une campagne de propagande implacable de la part de son gouvernement. Il se présente comme le défenseur de la souveraineté hongroise et moi en comme le spéculateur qui utilise son argent pour inonder l’Europe avec des immigrants illégaux dans le cadre d’un complot. »

Effectivement, le Premier ministre Orbán a considéré en réponse, vendredi matin à la radio publique, que «le spéculateur financier et ses partisans en Hongrie» cherchent à mettre en œuvre « un programme pour accepter les migrants dans le pays« , rapporte l’agence de presse hongroise MTI. Selon lui, George Soros cherche à mobiliser à l’international contre la Hongrie en raison du fait que c’est son gouvernement qui l’empêche « d’importer un million de migrants en Europe ».

Viktor Orbán a également déclaré que M. Soros peut compter sur le soutien de toute la gauche hongroise, à commencer par László Botka, candidat du parti socialiste (MSZP) au poste de Premier ministre en 2018. Le chef du gouvernement en veut pour preuve la promesse de M. Botka de démanteler la clôture « anti-migrants » à la frontière serbo-hongroise s’il sort vainqueur des législatives l’an prochain.

Dans le dossier CEU, George Soros avait aussi considéré lors du Forum économique à Bruxelles que l’avenir de l’Université d’Europe centrale, dont il s’est dit être « le fier fondateur« , reste menacé par le gouvernement hongrois. Il a également dit se sentir « encouragé par les initiatives citoyennes spontanées » des jeunes opposants au Fidesz en Hongrie et au Parti Droit et Justice (PiS) en Pologne. Ces derniers jours, la droite agite – comme cela fut le cas à plusieurs reprises par le passé – la menace d’une déstabilisation du pouvoir par des « extrémistes libéraux » soutenus par Soros.

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