La présence de Márton Gyöngyösi, président du Jobbik, à la fête de Pessa’h organisée par l’ambassadeur américain créé une polémique en Hongrie.

Márton Gyöngyösi, président du Jobbik, kippa sur la tête, à un diner organisé par l’ambassade des États-Unis pour célébrer la Pâque juive, à la gauche de l’ambassadeur David Pressman et en face du représentant de la principale organisation juive de Hongrie. Cela n’est pas une blague, encore moins une blague juive.
En novembre 2012, alors député du Jobbik, en charge des relations internationales d’un parti d’extrême-droite qui recherchait des alliés principalement en Turquie, en Iran et en Russie, M. Gyöngyösi avait provoqué un scandale en appelant à « faire la liste des députés d’origine juive ».
« Nous avons eu un Seder de Pessa’h passionnant, qui a réuni des Hongrois représentant différents points de vue, pour discuter de la signification de la liberté », s’est réjoui l’ambassadeur des États-Unis. A-t-il perçu le malaise ? András Heisler, président de la fédération des communautés juives de Hongrie (Mazsihisz), assis juste en face de lui durant le dîner, a tenu à mettre les choses au clair dans le journal Népszava : Márton Gyöngyösi reste « considéré comme une personne indésirable dans les cercles juifs » et le Mazsihisz maintient son refus de tout dialogue avec son parti.
Pour le Jobbik, récemment rebaptisé Jobbik-Les Conservateurs, c’est une percée diplomatique. « Je suis heureux que de plus en plus de gens reconnaissent la direction politique de centre-droit du Jobbik-Les Conservateurs et voient que la voie que nous avons choisie mène à une Hongrie normale, européenne et civique », s’est félicité M. Gyöngyösi.
En Hongrie, la gauche prise au piège de l’alliance avec le Jobbik
Le Jobbik hongrois est-il encore un parti d’extrême droite ?
Le Fidesz, qui a souvent mis en lumière le passé antisémite du Jobbik pour affaiblir son alliance avec des partis de gauche et libéraux lors des élections municipales en 2019 et législatives en 2022, a rapidement réagi. « La presse libérale américaine mène depuis des années une campagne contre la Hongrie en raison d’un prétendu antisémitisme. Pendant ce temps, l’ambassadeur américain célèbre la Pâques juive avec un dîner casher en compagnie de Márton Gyöngyösi, qui a demandé il y a quelques années une liste juive au parlement et a ridiculisé à plusieurs reprises les victimes de l’Holocauste. Il n’y a vraiment pas de mots pour ça… », a par exemple écrit le directeur politique du cabinet du premier ministre, Balázs Orbán.