Le Pen vient s’afficher avec Orbán à Budapest, mais le rassemblement de l’extrême droite européenne patine

La présidente du Rassemblement national vient à la rencontre de Viktor Orbán ce mardi à Budapest. Sept mois après le départ du Fidesz du PPE, il n’y a toujours pas de recomposition des extrêmes droites européennes en vue au parlement européen.

La Hongrie de Viktor Orbán est devenue un passage obligé pour tout dirigeant nationaliste en campagne. Mais à ce petit jeu, Marine Le Pen s’est fait damer le pion par son concurrent à l’extrême droite, Éric Zemmour, et par sa propre nièce Marion Maréchal, qui ont rencontré le premier ministre hongrois à Budapest au mois de septembre en marge du Budapest Demographic Summit.

Jusqu’à l’an dernier, le Fidesz affirmait rejeter catégoriquement toute relation avec le RN de Marine Le Pen, soignant sa relation avec Les Républicains, ses alliés au sein du Parti populaire européen (PPE). Les choses ont changé avec le départ du Fidesz de la grande formation européenne, au mois de mars.

Outre l’intérêt commun de Viktor Orbán et de Marine Le Pen de s’afficher ensemble dans le cadre de leur campagne électorale respective, à six mois des législatives en Hongrie et de la présidentielle en France, il sera certainement question du rassemblement des forces d’extrême droite au parlement européen. Or les négociations patinent depuis le départ du Fidesz du PPE.

Les réactions en Hongrie après le départ du Fidesz du PPE

Quel avenir européen pour le Fidesz après le PPE ?

Une quinzaine de formations nationalistes dispersées entre le groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE) et le groupe Identité et Démocratie (ID), dont le PiS polonais, le RN français, le Fidesz hongrois et la Lega italienne, ont signé une déclaration commune début juillet rejetant le « super-état européen ». Mais rien ne s’est passé depuis.  

Mi-septembre, soit six mois après le départ fracassant du Fidesz de la droite européenne, Válaszonline a interrogé des partenaires potentiels de Viktor Orbán, leur demandant les causes du retard dans le regroupement des véritables forces de droite sous une seule bannière.

« Nous nous sentons proches du Fidesz », a affirmé l’eurodéputé RN Nicolas Bay à Válaszonline. « Viktor Orbán mène une politique courageuse, exemplaire à bien des égards et que de nombreux dirigeants européens seraient bien avisés de suivre – si nous arrivons au pouvoir en France, c’est la voie à suivre », a-t-il ajouté.

L’eurodéputé polonais du PiS Radosław Fogiel déclarait pour sa part : « Du point de vue hongrois, il semblait qu’un groupe uni pouvait être formé rapidement, mais personne en Pologne ne s’attendait à cela. Ce n’est un secret pour personne que le PiS est en contact régulier avec le Fidesz – tant au niveau du parti que du gouvernement – et nous travaillons à l’élaboration d’une plateforme commune, pas nécessairement un groupe du Parlement européen, mais par exemple sous la forme de la déclaration de juillet ».

« Ni nous, ni le Fidesz n’avons de date butoir », a souligné de son côté l’eurodéputé belge du parti Vlaams Belang Gerolf Annemans. Quant à Carlo Fidanza, eurodéputé des Frères d’Italie souhaite que « la nouvelle droite européenne parte du CRE et inclue de nouveaux partis – tels que le Fidesz, avec qui nous nous sentons proches en termes de valeurs et d’objectifs politiques. Viktor Orbán nous a consultés deux fois cet été et à chaque fois il a dit vouloir attendre les élections allemandes de fin septembre avant de décider de l’avenir de son parti ».

Rencontre Le Pen-Morawiecki

Avant de venir à Budapest mardi, Marine Le Pen s’est entretenue, vendredi à l’issue du Conseil européen, avec Janez Janša, le Premier ministre slovène et Président de l’Union, mais surtout avec Mateusz Morawiecki, passé sur le grill par le parlement européen.

« Nous avons évoqué ensemble notamment le chantage inacceptable exercé par la Commission européenne sur la Pologne, et j’ai tenu à lui apporter mon soutien. Nous partageons de nombreux points communs, dont celui de la défense de la souveraineté des Nations européennes », a-elle écrit sur Twitter.

Le journal polonais de droite libérale Rzeczpospolita estime que « pour la Pologne, c’est un piètre allié » et juge que « la victoire de Le Pen à l’élection présidentielle serait une véritable tragédie pour la Pologne », expliquant que cela affaiblirait l’OTAN et renforcerait la Russie, tout en minant par une politique protectionniste le marché unique qui est « la base du succès économique de la Pologne ».

Rzeczpospolita craint aussi qu’Emmanuel Macron ne tire la conclusion que Varsovie soutient son concurrent le plus sérieux dans la lutte pour l’Élysée et n’aggrave le blocage des fonds européens, ce qui pourrait conduire à la chute du gouvernement Morawiecki et à des élections anticipées en Pologne.

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