Les députés ont adopté mercredi une loi très controversée qui augmente nettement le maximum légal d’heures supplémentaires en Hongrie, malgré la vive opposition des partis et des syndicats.
(Article constamment mis à jour) – Les députés ont approuvé avec 130 voix pour et 52 contre une loi qui augmente le seuil maximum d’heures supplémentaires de 250 à 400 par an, à compter du 1er janvier 2019.
La majorité des syndicats du pays se sont opposés à ce projet de modification du code du travail, estimant qu’il s’agit d’une « loi esclavagiste », rendant les travailleurs corvéables à merci par les employeurs. Car ces heures supplémentaires s’établiront sur la base d’accords individuels avec les employés, qui prévaudront sur les accords collectifs passés avec les syndicats.
Interrogé par la chaîne ATV mardi, le Premier ministre Viktor Orban a exclu de retirer la loi qu’il estime être, au contraire, « une loi pour les travailleurs ». Selon lui, cette loi lèvera « les obstacles bureaucratiques stupides » pour les employés des PME qui souhaitent travailler plus pour gagner davantage.
Selon un sondage conduit par le think tank Policy Agenda, une très grande majorité des employés est contre cette modification du code du travail, 83 % des interrogés.
Les députés de tous les partis d’opposition ont condamné le vote du parlement, qu’ils jugent illégal. L’opposition a appelé le président de la République, János Áder, à ne pas signer la loi.
Lundi, le président du parlement László Kövér avait rejeté en bloc les quelques trois mille propositions d’amendement déposés par les partis d’opposition pour repousser le vote de la loi et laisser le temps aux syndicats d’organiser la protestation.
La garde parlementaire, dont László Kövér s’est doté en 2012, s’était tenue prête à intervenir dans les escaliers qui mène à l’hémicycle contre les députés qui sifflaient et huaient sa décision. L’usage de la force contre des parlementaires aurait été une première depuis 1912, estime l’historienne et blogueuse Eva Balogh sur son blog Hungarian Spectrum.
Une centaine de personnes était présente ce mercredi au moment du vote devant le parlement, et une manifestation est prévue en fin d’après-midi. Des militants du Jobbik font route vers le Palais Sándor, la résidence présidentielle.
Samedi 8 décembre, plusieurs milliers de personnes ont protesté contre cette loi à Budapest aux abords du parlement, réunies par un grand nombre de syndicats rejoints par l’ensemble des partis politiques d’opposition.
Des syndicats ont annoncé dès samedi vouloir poursuivre leur mouvement de protestation en dressant des barrages routiers. Des travailleurs syndiqués ont effectivement organisé des manifestations le long de quelques routes du pays, sans les bloquer toutefois, dans la région de Pécs et Szolnok.
À Budapest, les syndicats mobilisent contre une « loi esclavagiste »