Le HVIM fait sa fête nationale devant le FMI

Jeudi 15 mars, jour de fête nationale en Hongrie, un petit groupe de militants d’extrême-droite proche du Mouvement des 64 Comtés (HVIM) a joué les troubles fêtes lors de la manifestation antigouvernementale organisée par le collectif « Un million pour la liberté de la presse ». Plus tard, le groupe renforcé par des manifestants du Jobbik a pu marcher tranquillement jusqu’à la Szabadság Tér ou le chef du HVIM, László Toroczkai est entré dans le Bank Center pour remettre une pétition au responsable du FMI en Hongrie. En l’absence de ce dernier, les militants ont lancé des pétards et des  fumigènes dans le bâtiment.

Ces derniers temps, les médias occidentaux aiment beaucoup parler de la « menace fasciste » que représente le parti Jobbik et surtout la Magyar Garda (Garde Hongroise), la milice paramilitaire qui lui est proche. La Garde, qui d’ailleurs a organisé une cérémonie ce samedi pour célébrer la fête nationale et au cours de laquelle quelques dizaines de nouveaux membres ont rejoint l’organisation. Si on les observe de plus près, ces quelques « guignols » en uniforme ne semblent pas représenter une grande menace pour la sécurité nationale et font plutôt penser à quelques jeunes paumés qui mérite plus de compassion que de haine… Face à eux une petite vingtaine d’« antifas », tout aussi ridicules, ont organisé une contre-manifestation menée par Attila Vajnai et Krisztina Noé, deux militants d’extrême-gauche guère plus démocrates que les membres de la garde.

En revanche, d’autres organisations comme par exemple le HVIM s’organisent de façon beaucoup plus discrète. Le Mouvement des 64 Comtés (en hommage aux 64 comtés de la « Grande-Hongrie » a été créé en 2001 par le charismatique László Toroczkai. Depuis, le mouvement s’est fait remarquer à plusieurs reprises, notamment pour avoir affronté la police lors des manifestations anti-Gyurcsány de 2006, ce qui a valu des condamnations à certains des membres du mouvement. Chose intéressante, le HVIM est également implanté en France et des manifestations contre le Traité de Trianon ont eu lieu devant le palais du même nom.

La présence de 200-300 militants du HVIM lors de la fête nationale n’a rien de terrifiant mais, en revanche, la liberté d’action dont ont bénéficié les membres de cette organisation et l’absence d’intervention de la police est beaucoup plus inquiétante. En effet, quelques jours avant la manifestation de « Milla » des bruits selon lesquels les manifestants risquaient d’être les victimes d’attaques au « Taser » ont commencé à courir.

A 15.30 a débuté la manifestation du Jobbik. Des petits groupes de néo-nazis au look évocateur y ont assisté un peu en retrait sur la place Déák puis se sont dirigés vers la manifestation anti-gouvernementale. Ils ont pu traverser la rue Váci et passer devant des policiers sans être inquiétés. Certains de ces « skins » ont même pu se mêler aux manifestants de « Milla », fort heureusement il n’y a pas eu de débordements. Rapidement un groupe petit mais bruyant s’est formé sur la Place des Franciscains et mené par Toroczkai et par le député Jobbik György Zagyva, a traité les anti-gouvernementaux de « communistes, juifs et pédés ».

Puis après que les organisateurs de la manifestation de « Milla » aient appelé tout le monde a rentrer chez soi pour éviter tout problème, les membres du HVIM se sont dirigé vers la Place de la Liberté qui se situe à une vingtaine de minutes de marche. Le groupe a été renforcé par l’arrivée de membres du Jobbik et c’est un millier de personnes qui se sont rassemblées sur la place. Une fois arrivée, une petite délégation dirigée par Toroczkai est entré dans le Bank Center, bâtiment qui abrite le bureau du FMI en Hongrie, afin de remettre leur pétition. Apprenant que le bâtiment était vide le jour de la Fête Nationale, les militants ont lancé des pétards et des fumigènes, ce qui leur vaudra d’être (une nouvelle fois) poursuivis en justice. Après avoir encore accroché un drapeau sur le bâtiment de la télévision nationale le groupe s’est lentement dispersé. Il est très intéressant de noter que la police anti-émeute – partie du même endroit que les manifestants et disposant de véhicules – a tout de même réussi à arriver 10 longues minutes après les membres du HVIM.

Sources : Index, Origo, HVG

Photos : Vincent Baumgartner / Hu-lala

Vincent Baumgartner

Après avoir bourlingué entre la Suisse, l'Iran et la Hongrie, Vincent Baumgartner s'est établi à Budapest en juin 2018 et travaille pour une ambassade. Passionné par l'histoire locale, l'architecture et l'urbanisme, il a créé "Budapest Téglái" qui vise à documenter les graffiti anciens gravés dans les briques et "Buildings Tell Tales" qui à pour but de faire découvrir Budapest et d'autres villes d'Europe centrale sous un angle différent.

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