Le Groupe de Visegrád s’oppose à la proposition de budget de la Commission européenne

Lors d’une réunion ce mardi à Prague, les quatre pays d’Europe centrale du Groupe de Visegrád (V4) ont contesté le budget en cours d’élaboration par la Commission européenne. Ils craignent une baisse des fonds de cohésion.

« La proposition budgétaire préparée par la Commission européenne sortante est injuste et nous voulons la justice », a déclaré Viktor Orbán, lors d’une conférence de presse qui a suivi la réunion des Premiers ministres des pays du « V4″.

Les premiers ministre slovaque, Peter Pellegrini, polonais, Mateusz Morawiecki, tchèque, Andrej Babiš, et hongrois, Viktor Orbán, se sont rassemblés ce mardi à Prague lors d’une réunion baptisée « sommet des Amis de la cohésion ».

L’Union européenne s’est donnée pour objectif de fixer les grandes lignes du futur budget européen à la fin de l’année. Ce nouveau « cadre financier pluriannuel », de 1 300 milliards d’euros, portera sur la période 2021-2027.

Le prochain budget européen doit tenir compte du départ du Royaume-Uni et fixe de nouvelles priorités, telles que la sécurité, la lutte contre la migration et le numérique.

Budapest, Varsovie, Prague et Bratislava craignent que cela ne se traduise par des coupes dans le budget des fonds de cohésion, dont elles largement profité, destinés à réduire les écarts économiques et sociaux avec l’Ouest du continent, ainsi que de l’agriculture.

« Plus on est pauvre et plus on vous retire de l’argent », a déploré le premier ministre hongrois. Il souhaite que le prochain budget tienne compte du fait qu’une grande partie des fonds reçus par l’Europe centrale sont captés par les grandes entreprises occidentales et que leurs capitaux repartent à l’Ouest.

Le polonais Mateusz Morawiecki a abondé, opposant « les pays les plus riches qui ont eu plus de chance dans l’Histoire » avec « les pays d’Europe centrale, victimes d’un effondrement post-communiste non mérité ».

Contexte

Interrogés par Le Courrier d’Europe centrale peu avant les élections européennes de 2018, les économistes Filip Novokmet et Pawel Bukowski expliquaient que le modèle de convergence Est-Ouest profite encore largement aux multinationales occidentales, que les populations ne bénéficient qu’à la marge de la vitalité économique régionale, mais aussi le patriotisme économique affiché à Budapest et Varsovie ne fait que déplacer les problèmes.

Les économies d’Europe centrale restent prisonnières d’un modèle de développement basé sur le couple investissements étrangers/bas salaires qui alimente les récits nationalistes et populistes, pointait également dans un article l’un de nos correspondants à Prague.

Mais de nombreuses voix en Europe, telle que celle de l’eurodéputée allemande (S&D) Sylvia-Yvonne Kaufmann, s’élèvent contre le refus de la Hongrie (et d’autres pays) d’adhérer au futur parquet européen, censé veiller à la bonne utilisation des fonds de l’Union avec un pouvoir judiciaire dont n’est pas doté l’organisme anti-fraude actuel, l’OLAF.

Dans son rapport 2018 publié au mois de septembre dernier, l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) a estimé que 4% des fonds de développement perçus par la Hongrie sur la période 2014-2018 posaient question, et demandait leur remboursement.

Dans une interview à l’automne 2017, l’économiste hongrois Zoltán Pogátsa constatait que, sans l’Union européenne, l’économie de la Hongrie resterait plongée dans l’atonie et que les succès économiques de l’illibéralisme sont un mirage qui reposent entièrement sur l’appartenance du pays à une Union européenne pourtant honnie par Budapest.

Les Européens de l’Est ne sont pas les profiteurs de l’Union !

 

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