Le gouvernement Orbán est accroc aux sondages d’opinion

Le gouvernement de Viktor Orbán produit une quantité étonnante de sondages pour adapter en permanence sa stratégie politique et son discours, révèlent des documents émanant du cabinet du premier ministre.

Le bureau du Premier ministre, sous le contrôle du très controversé Antal Rogán, le « ministre de la propagande », comme le nomme ses détracteurs, a commandé près de quatre cents sondages d’opinion sur une période de temps de deux ans et demi, de l’automne 2015 au printemps 2018.

« Ce n’est un secret pour personne que la stratégie de communication gouvernementale n’est pas dictée par un programme gouvernemental préétabli, mais plutôt par des intérêts court-termistes », écrit 24.hu, le site d’actualités qui a mis la main sur l’info.

C’est de façon presqu’accidentelle que 24.hu a découvert le pot aux roses. La Cour de Justice de Budapest a contraint le bureau du Premier ministre a livré des documents relatifs à sa communication après des poursuites en justice initiées par la Coalition démocratique de Ferenc Gyurcsány (DK).

Gergely Arató, député de DK, a intenté un procès après les révélations, dans un journal suisse, d’un communicant au service du gouvernement hongrois. Celui-ci, George Birnbaum, racontait comment le cabinet de communication de feu Arthur Finkelstein, un conseiller politique de l’ombre très influent auprès des droites états-unienne et israélienne, avait travaillé avec M. Orbán, dans le but de faire de George Soros son ennemi idéal.

La DK soupçonne que des sondages, de nature discriminatoire, avaient été menés en toute discrétion pour le compte du Fidesz pour façonner sa stratégie de propagande contre M. Soros. Contraint par la Justice, le bureau du Premier ministre, a donc livré en bloc des documents liés à ses sondages d’opinion, mais ceux-ci ne précisent ni les coûts ni les questionnaires des enquêtes.

Pour adapter sa stratégie, le gouvernement disposait chaque mois de huit mini-sondages, auxquels s’ajoutaient de trois à six enquêtes complémentaires.

Les sondeurs ont redoublé d’ardeur après la crise des migrants

Les documents fournis ne sont pas dénués d’intérêt pour autant.

Sur deux ans et demi, de l’automne 2015 au printemps 2018, c’est à dire entre la « crise des migrants » et les élections législatives remportées par le Fidesz, quatre cents enquêtes d’opinion ont été commandées. Pour adapter sa stratégie, le gouvernement disposait chaque mois de huit mini-sondages (auprès de cinq cents personnes), auxquels s’ajoutaient de trois à six enquêtes complémentaires (auprès de mille personnes).

Selon les documents obtenus, l’objectif affiché était de « jeter les bases de la stratégie de communication du gouvernement ». Ils montrent aussi que la communication gouvernementale a redoublé d’activité au moment du pic de la crise des réfugiés de 2015, qui représente un tournant majeur pour « l’Orbánisme ». Dans les derniers mois de l’année 2015, le Cabinet du premier ministre a commandé cinquante-cinq sondages.

« George Soros était l’ennemi parfait ». La machine de propagande d’Orbán mise à nue

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