La rumeur sur l’état de santé inquiétant de Jarosław Kaczyński, président du parti au pouvoir, le Droit et Justice (PiS), n’a cessé d’enfler au cours de la semaine passée, avant d’être confirmée de source officielle. On spécule déjà sur le nom d’un posisble successeur.
Jarosław Kaczyński a quitté l’hôpital ul. Szaserów à Varsovie le 8 juin, après une hospitalisation longue de plus d’un mois, officiellement pour traiter son arthrose au genou. Mais cette longue absence a donné lieu à des rumeurs de plus en plus insistantes selon lesquelles l’homme fort polonais, qui fête son 69e anniversaire ce lundi, serait gravement malade.
Vendredi, le ministre de la Santé Łukasz Szumowski n’a eu d’autre choix que de concéder à la Polskie Radio que « l’état de santé de Jarosław Kaczyński était tel que ne pas l’hospitaliser aurait mis sa vie en danger ». La porte-parole du parti Droit et Justice, Beata Mazurek, a confirmé ces mots, sans donner plus de détails. Le journal français Libération écrit, sur la base de « plusieurs sources polonaises, européennes et françaises » que « le leader polonais serait en réalité atteint d’un cancer du pancréas qui se serait généralisé ».
Samedi, Jarosław Kaczyński n’a pas été en capacité de participer à l’hommage rendu à son frère jumeau, Lech Kaczyński, décédé en 2010 dans le crash de son avion à Smolensk alors qu’il était président de la République. La cérémonie s’est déroulée à Szczecin, dans le nord-ouest de la Pologne, devant le siège du syndicat Solidarité, en présence du Premier ministre Mateusz Morawiecki.
Plusieurs personnalités du PiS ont tenté de minimiser la situation, tel que le ministre de l’Intérieur Joachim Brudziński dans une interview à la télévision : « Tous ceux qui rêvent de remplacer Kaczyński doivent s’armer d’une très longue patience », a-t-il déclaré, assurant que Kaczyński « contrôle complètement ce qui se passe dans le parti et ne prévoit pas de retraite politique ». Joachim Brudziński, actuel vice-président du parti, est par ailleurs considéré comme l’un de ses dauphins naturels à la tête du PiS. L’actuel Premier ministre Mateusz Morawiecki est aussi évoqué, de même que sa prédécesseure Beata Szydło.
Le retrait de Jarosław Kaczyński de la vie politique pourrait ouvrir une période d’instabilité pour la Pologne, car malgré le fait qu’il n’occupe aucune position gouvernementale officielle, il est considéré comme l’homme tout puissant du pays. L’année prochaine est chargée pour le pays puisque les élections européennes au printemps seront suivies par les élections législatives à l’automne. Avant cela, le PiS espère conquérir les grandes villes, fiefs des partis libéraux de l’opposition, aux élections municipales cet automne.
Selon un récent sondage réalisé par CBOS, 43 % des électeurs soutiennent le PiS, loin devant son principal rival, la Plate-forme Civique (PO) soutenue par seulement 17 %. Seuls deux autres partis dépasseraient aussi le seuil parlementaire des 5%, Kukiz’15 et Nowoczesna, avec respectivement 8 % et 5 %.