Le crime organisé en recrudescence en Hongrie

Mardi matin, la police européenne Europol a arrêté 35 personnes suspectées d’appartenir à un réseau de trafiquants d’immigrants clandestins, dont 19 en France et 5 en Hongrie. Cela intervient quelques jours seulement après une rencontre, dédiée à la criminalité organisée, des ministres européens de l’intérieur, à Gödöllö dans le cadre de la présidence hongroise de l’UE (Cf.vidéo en bas de page).

Ce réseau démantelé s’était spécialisé dans le transit d’immigrants vietnamiens vers l’Europe de l’Ouest, le Royaume-Uni notamment. Selon des informations communiquées par Europol, ces personnes transitaient cachées dans des remorques de camions depuis Moscou pour 2-3000 euros, mais les plus aisées pouvaient obtenir, contre 10-15.000 euros, des visas tchèques ou hongrois valides dans l’ensemble de l’espace Schengen et voyager par avion directement jusqu’à Paris. Europol a découvert des lieux destinés à les héberger à Lille, Paris, Londres, Prague, Munich, Berlin et… Budapest.

Un des thèmes de la présidence hongroise

A la fin du mois de janvier, les ministres européens de l’intérieur se sont rencontrés à Gödöllö sous la houlette de la présidence hongroise pour échanger leurs vues sur l’évolution du crime organisé dans leurs pays respectifs. La Hongrie, qui a placé ce thème assez haut dans son agenda européen, espère que cette rencontre aboutira à de véritables avancées avant la fin de sa présidence. Car pour le ministre hongrois de l’intérieur, Sandor Pintér, le constat est clair : le crime organisé est en recrudescence en Hongrie et,  étant une plaque tournante de l’Europe dans ce domaine, cela signifie que les stratégies – définies par l’Union en 2000 – pour le combattre doivent être revues et renforcées.

La Hongrie paraît en effet particulièrement touchée par ce phénomène. Selon le site d’information Worldpress, pas moins de 20% du PIB, soit un cinquième des richesses produites en Hongrie, serait tombé sous le contrôle de groupes criminels de type mafieux. Depuis l’accession de la Hongrie à l’UE en 2004, ces « business » illégaux ont commencé à pénétrer fortement des secteurs de  l’économie traditionnelle, la construction surtout. Ces dernières années, les services secrets hongrois ont noté une recrudescence du nombre d’organisations criminelles et l’implantation de groupes asiatiques et sud-américains qui ont fait de Budapest une base-arrière vers l’Europe de l’Ouest.

La Hongrie, une plate-forme logistique pour l’Europe

Plusieurs caractéristiques confèrent à la Hongrie une place stratégique en Europe pour les groupes criminels. Sa position de carrefour géographique entre les Europes de l’Ouest, de l’Est et balkanique, pour les trafics en tous genres : drogue et immigrants clandestins issus d’Asie, femmes issues de l’Est de l’Europe (Ukraine et Moldavie notamment), armes issues des Balkans, etc.

Selon Worldpress, cette criminalité organisée qui s’est développée par le transit de marchandises illégales a aussi trouvé un terreau local fertile pour prospérer en Hongrie : des infrastructures de transport et de stockage meilleures que dans les pays voisins et des réseaux locaux de criminalité constitués par d’anciens membres des forces de sécurité qui ont maintenu des liens avec les forces de sécurité actuelles et en ont tissés de nouveaux avec les autorités locales, entretenus par la corruption.

Voir notre dossier sur la Hongrie et le trafic d’êtres humains :

Des Hongrois recherchés par la police canadienne pour trafic d’êtres humains

Profession : trafiquants d’êtres humains

Travailler comme esclave sur des chantiers au Canada

Interview avec Bálint Dóra, « Regional Programme Assistant » pour l’organisation inter-gouvernementale International Organization for Migration (IOM), en charge notamment de la question des nouvelles formes d’esclavage.

1 Comment
  1. Pauvre Hongrie.

    Victor Orban a du boulot pour rattraper tous ces coups. 5 ans et 2/3 des électeurs, ce ne sera sans doute même pas assez.

    Mais, ils faisaient quoi, les socialos, avant ?

Leave a Reply

Your email address will not be published.

×
You have free article(s) remaining. Subscribe for unlimited access.