Le coronavirus s’est propagé chez les mineurs de Silésie

Le coronavirus s’est propagé dans plusieurs mines de charbon de Silésie, en Pologne et en République tchèque.

Le nouvel épicentre de l’épidémie de COVID-19 en République tchèque se situe à l’extrémité orientale du pays, dans le district de Karviná, plusieurs mètres sous terre : la mine de charbon Darkov. Quelques trois cents mineurs et membres de leur famille ont été infectés, selon une campagne de dépistages encore en cours. La Tchéquie compte à ce jour un peu plus de 9 000 malades du Covid-19 et 319 décès.

Il s’agit de confirmer ce qui était pressenti : leurs conditions de travail rendent les mineurs particulièrement vulnérables au coronavirus. Les mesures de sécurité ont été renforcées après l’apparition de la maladie, fait valoir l’entreprise qui exploite la mine. Les parties communes ont été maintes fois désinfectées. Mais comment maintenir entre les mineurs confinés sous terre les deux mètres de distance imposées à la surface ?

Selon les autorités sanitaires régionales, le virus se serait propagé dans les vestiaires et les douches, lors des changements d’équipes, ce qu’a confirmé le Premier ministre Andrej Babiš. « Nous sommes une centaine dans les douches. On est tellement serrés qu’on se lave le dos », a expliqué l’un des mineurs au journal tchèque Mladá Fronta Dnes.

Selon le journal tchèque Deník N, l’entreprise a cessé ses activités minières une semaine seulement après le premier cas confirmé de coronavirus. Mais on ne ferme ni ne rouvre une mine comme un simple magasin, a souligné le ministre tchèque de la Santé, Adam Vojtěch. « Il s’agit d’une opération très délicate, la mine ne peut pas être fermée complètement pour des raisons de sécurité. Cependant, son fonctionnement est désormais limité à un minimum de sécurité ».

Côté polonais et tchèque, la production de charbon a été arrêtée ou ralentie dans plusieurs mines, mais des employés doivent continuer à les entretenir. Un mineur de la mine Jankowice à Rybnik, de l’autre côté de la frontière, en Silésie polonaise, explique à Deutsche Welle que « si la mine reste en jachère pendant trois ou quatre jours, le feu peut éclater. Il faut continuer à creuser et à pomper de l’eau dans la mine, au moins un peu, on ne peut pas s’arrêter complètement ».

La Haute-Silésie, le « Wuhan polonais »

Pour les habitants de Lázně Darkov, proche de la mine touchée, le coronavirus est venu de Pologne. « Ils auraient dû arrêter l’exploitation minière lorsqu’ils ont vu ce qui se passait en Pologne », a déclaré une riveraine de la mine à Mladá Fronta Dnes.

Les mines de charbon sont également les points chauds de l’épidémie chez le voisin polonais, un pays qui enregistre pour l’heure 23 000 personnes infectées par le SARS-CoV-2 et 1043 morts depuis le début de l’épidémie, selon la Johns Hopkins University.

La région de Haute-Silésie, dans le sud du pays, est devenue l’épicentre de l’épidémie au début du mois de mai. Rapidement, les mineurs de la région ont été désignés comme particulièrement menacés. Plus de trois mille d’entre eux ont été infectés, soit près de la moitié de tous les cas confirmés dans la région. Certains médias polonais ont même désigné la Haute-Silésie le « Wuhan polonais », après que les autorités ont évoqué la possibilité d’une mise en quarantaine à grande échelle.

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