Le gouvernement hongrois a signé, lundi 27 septembre, un contrat de 15 ans avec Gazprom pour son approvisionnement en gaz naturel via le gazoduc TurkStream. Contournée, l’Ukraine a vivement condamné ce contrat.
Après plusieurs années de négociations, le gouvernement hongrois a signé lundi 27 septembre un contrat de 15 ans avec le géant russe de l’énergie Gazprom pour son approvisionnement en gaz naturel pour le marché résidentiel.
Signe de l’importance de ce contrat, du fait de sa durée particulièrement longue, le chef de Gazprom, Alexei Miller, a fait le déplacement à Budapest pour la cérémonie de signature. Le contrat porte sur la livraison d’une quantité de 4,5 milliards de mètres cubes par an pendant dix ans, renouvelable pour cinq ans.
A compter du 1er octobre, Gazprom livrera chaque année 3,5 milliards de mètres cubes de gaz vers la Hongrie via le gazoduc Turkstream qui traverse la mer Noire, la Bulgarie et la Serbie, et 1 milliard via l’Autriche.
Après la signature, le ministre des Affaires étrangères Péter Szijjártó s’est félicité de ce que « le prix est beaucoup plus avantageux que ce que la Hongrie a payé sur la base du contrat expirant conclu en 1995. Les consommateurs hongrois continueront de payer un des prix du gaz les plus bas en Europe ».
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En vertu de cet accord, Gazprom ne fournira plus de gaz à la Hongrie via l’Ukraine. Cela signifie pour Kiev un manque à gagner qui se chiffrera en dizaines ou centaines de millions de dollars, ainsi qu’une perte d’influence géostratégique.
« La Hongrie, qui est membre de l’UE et de l’OTAN, mais qui a en même temps une relation spéciale avec la Russie, a porté un coup aux relations ukraino-hongroises en excluant le gazoduc ukrainien des dispositions concernant les livraisons de gaz en provenance de Russie. C’est un coup dur, et nous y répondrons en conséquence », a déclaré le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba au programme sur la chaîne de télévision ICTV.
Estimant que cet accord n’est pas conforme avec les principes d’un traité ukraino-hongrois signé le 6 décembre 1991, le ministère ukrainien des Affaires étrangères a d’ores et déjà reporté la prochaine rencontre du Comité économique mixte intergouvernemental ukraino-hongrois prévue les 29 et 30 septembre. Il a aussi fait savoir qu’il contestera la validité du contrat russo-hongrois devant la Commission européenne, estimant qu’il affecte la sécurité énergétique de l’UE.
Péter Szijjártó a rapidement brandi la carte du souverainisme : « Nous considérons comme une grave violation de notre souveraineté et de nos intérêts de sécurité nationale de vouloir empêcher l’approvisionnement en gaz de notre pays, le chauffage des maisons du peuple hongrois et le fonctionnement de l’industrie ».
« Nous ne nions pas le droit de la Hongrie de conclure un accord avec Gazprom », lui a rétorqué son homologue ukrainien. « Mais pour nous il est clair que la Hongrie aurait pu conclure un contrat incluant le transit par Ukraine tout aussi avantageux économiquement. La question de l’exclusion de l’Ukraine du régime de transit était une exigence de la Russie, la Hongrie a accepté cette exigence. Celle-ci ne répond pas à nos intérêts, nous ne faisons que protéger nos intérêts ».