Alors que l’Union européenne cherche à sortir des énergies carbonées, le gouvernement polonais a donné son feu vert pour l’ouverture d’une mine de charbon à ciel ouvert à Złoczew, dans la voïvodie de Łódź.
La semaine dernière, le gouvernement Droit et Justice (PiS) a tranché : une nouvelle mine à lignite va être ouverte dans le centre du pays. C’est ce qu’a annoncé mercredi Adam Gawęda, vice-ministre des actifs de l’État.
Elle sera la mine à ciel ouvert la plus profonde de Pologne et servira à maintenir l’approvisionnement en combustible de la centrale électrique de Bełchatów, la plus grande centrale à charbon d’Europe, qui fournit à elle seule 20 % de l’électricité de la Pologne, pendant les trente prochaines années. Cette centrale est connue comme « le plus grand empoisonneur d’Europe ». Lire La centrale de Bełchatów en Pologne, cette calamité pour le climat.
Le journal Gazeta Wyborcza, qui a rapporté la décision du PiS, souligne que l’investissement de l’Etat (à hauteur de 3,5 milliards d’euros), via sa société PGE, sera réalisé à perte, que trois mille personnes vont devoir être expropriées et que trente-trois villages vont être purement et simplement rayés de la carte.
Les résistances locales sont fortes, souligne Notes from Poland. La mine sera un « cancer du sol polonais », a déclaré Stanisław Skibiński, président d’une association citoyenne, « Non à la mine à ciel ouvert de Złoczew », qui rassemble notamment des agriculteurs qui craignent pour la qualité de leurs terres. « La mine se trouvera dans un endroit de grande valeur écologique. Il y a des ruisseaux et des forêts, et tout cela sera détruit ».
Greenpeace souligne que l’exploitation de la mine entrainera une baisse des eaux souterraines et aggravera les pénuries d’eau que connait déjà la région de plus en plus fréquemment. Cela impactera l’agriculture et l’industrie agroalimentaire, rapporte le site de Biznes Alert.
Le gouvernement polonais a décidé, au début du mois, de se passer du charbon russe, pourtant moins cher et de meilleure qualité, rapporte Libération. La Pologne en a importé 19,3 millions de tonnes en 2018 pour une production nationale de 50 millions de tonnes.
La décision intervient quelques semaines après la présentation par l’Union européenne de son Pacte vert, par lequel l’Union européenne cherche à réduire l’utilisation d’énergies carbonées pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Cela signifie qu’à cette date, les pays européens ne devront pas émettre plus de CO2 qu’ils ne sont capables d’en fixer.
Ce plan de transition énergétique prévoit de très importantes indemnités, à hauteur de plusieurs dizaines de milliards d’euros, pour les régions qui dépendent économiquement de l’exploitation du charbon. Il s’agit notamment de régions d’Allemagne, de Tchéquie et…de Pologne, le pays présenté comme le grand gagnant de ce plan.
La Pologne est le seul pays de l’Union européenne à ne pas avoir adhéré au Pacte vert signé à la fin de l’année dernière. Elle produit 86 % de la houille de l’UE et son extraction représente encore environ 80 % de son électricité.
Il reste un espoir cependant aux opposant à ce projet de mine à Złoczew : que l’entreprise d’Etat PGE ne s’engage pas dans un projet qui fait fi de toute rationalité économique, des défis environnementaux actuels, et de la préoccupation croissante des populations quant aux effets du réchauffement climatique.