András Simonyi : « L’Allemagne porte une part de responsabilité dans le quasi-effondrement de la démocratie en Hongrie »

András Simonyi, ancien ambassadeur de la Hongrie auprès de l’OTAN et aux États-Unis, critique le cynisme de Berlin qui traite la Hongrie comme « une simple chaîne de montage ».

András Simonyi a été ambassadeur de la Hongrie à Washington de 2002 à 2007 et est aujourd’hui membre d’un influent groupe de réflexion atlantiste, Atlantic Council.

L’Allemagne d’Angela Merkel n’a rien fait pour freiner Viktor Orbán, sacrifiant la démocratie en Hongrie sur l’autel des intérêts de l’industrie automobile. Après les nombreuses voix qui se sont élevées dans l’opposition hongroise après l’accord européen sur l’État de droit en décembre dernier, c’est donc au tour de l’ancien diplomate András Simonyi, aujourd’hui membre du groupe de réflexion atlantiste basé à Washington « Atlantic Council », de pointer la lourde responsabilité de Berlin.

Dans une tribune publiée le 7 janvier sur le site The Hill, András Simonyi, ancien ambassadeur de Hongrie auprès de l’OTAN puis à Washington de 2002 à 2007, estime que « l’Allemagne porte une part de responsabilité dans le quasi-effondrement de la démocratie en Hongrie et la création d’un État de facto à parti unique par le Premier ministre Viktor Orbán ».

« Il y a un consensus en Allemagne sur le fait que la Hongrie est un pays périphérique et peu important, mais je ne suis pas d’accord », écrit-il. « L’Allemagne devrait se soucier de la Hongrie, dont le recul de la démocratie aurait dû être considéré comme un petit premier signe de «cancer» au sein de l’UE. Si elle n’est pas traitée, elle métastase ». 

« La Hongrie est devenue une simple chaîne de montage pour l’industrie automobile allemande, qui a une influence démesurée sur la politique à Berlin ».

András Simonyi dénonce le cynisme de l’Allemagne qui privilégie en Hongrie ses intérêts économiques quand bien même ceux-ci renforcent le pouvoir du dirigeant autocratique. « La Hongrie est devenue une simple chaîne de montage pour l’industrie automobile allemande, qui a une influence démesurée sur la politique à Berlin. Le style de gouvernance illibérale d’Orbán leur convient apparemment très bien […]. Ils interviennent au nom d’Orbán à Berlin dans les moments critiques ».

Revenant sur le bras de fer qui a opposé Budapest et Varsovie au reste de l’Union européenne l’automne dernier, l’ancien diplomate estime que l’accord signé est « une victoire pour Orbán » et que « l’UE, une fois de plus, semble avoir contribué à consolider la puissance et l’influence économique d’Orbán ».

L’accord commercial préliminaire[1]https://www.vie-publique.fr/en-bref/277968-ue-chine-premiere-etape-vers-un-accord-global-sur-les-investissements signé entre l’Union européenne et la Chine dans les derniers jours de l’année 2020, très controversé[2]https://www.lemonde.fr/international/article/2020/12/30/ue-et-chine-concluent-un-accord-de-principe-controverse-sur-les-investissements_6064840_3210.html, est, de son avis, « une douce musique aux oreilles d’Orbán qui considère la Chine et la Russie comme une alternative à l’Occident ».

Notes

Notes
1 https://www.vie-publique.fr/en-bref/277968-ue-chine-premiere-etape-vers-un-accord-global-sur-les-investissements
2 https://www.lemonde.fr/international/article/2020/12/30/ue-et-chine-concluent-un-accord-de-principe-controverse-sur-les-investissements_6064840_3210.html
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