Nouveau rebondissement dans ce conflit inédit autour de la mine de charbon de Turów, à la frontière polono-tchèque. Face au refus de la Pologne de respecter la décision temporaire de la Cour de Justice européenne, Prague réclame des compensations financières.
Cinq millions d’euros par jour. Voilà la somme que la République tchèque s’apprête à réclamer à la Pologne tant que celle-ci refuse de suspendre l’exploitation polluante de sa mine de charbon de Turów, située à la frontière polono-tchèque.
Face au refus de la Pologne de respecter la décision temporaire de la Cour de Justice de l’Union européenne (CJEU), le ministre tchèque de l’Environnement, Richard Brabec, a déclaré que Prague allait à nouveau saisir ladite cour dans ce bras de fer. Il a ajouté que lui et le ministre des Affaires étrangères, Jakub Kulhánek, demeurent en charge des négociations avec la Pologne, et qu’ils espèrent parvenir à un compromis.
Cela tient du dialogue de sourds puisque, deux semaines auparavant, le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki avait annoncé avoir trouvé un accord avec Prague, une déclaration aussitôt démentie par son homologue tchèque Andrej Babiš.
Fin mai, la CJEU avait ordonné la fermeture temporaire de la mine de lignite de Turów, suite à une plainte déposée par la Tchéquie, qui accuse la mine d’être à l’origine de pollutions sur son territoire. En attendant d’émettre son jugement définitif dans cette affaire inédite dans l’Union européenne, la CJEU a donné raison au plaignant.
Mais la Pologne a très vivement contesté et critiqué ce jugement. Alors que Morawiecki rétorquait qu’une suspension des activités mettrait en danger la sécurité énergétique de la Pologne, son ministre de la Justice, Zbigniew Ziobro, a été plus véhément dans sa condamnation, évoquant une décision relevant « d’un esprit colonialiste ».
Dans le cas d’un accord, Prague retirera sa plainte
M. Brabec a déclaré que son équipe allait prochainement faire une proposition, incluant le remboursement par la Pologne des frais de construction de nouvelles infrastructures hydraulique pour approvisionner les locaux en eau potable.
À cela s’ajoute la construction, du côté polonais, d’un écran anti-filtration censé empêcher le drainage des eaux tchèques, ainsi que des remblais pour protéger la partie tchèque des émissions de particules fines. Si les deux gouvernements parvenaient à s’entendre, Prague pourrait retirer sa plainte auprès de la CJEU.