La Tchéquie signe un gros contrat d’armement avec le groupe français Nexter

Le ministre tchèque de la Défense, Lubomír Metnar, et la ministre française des Armées, Florence Parly, ont signé jeudi dernier 30 septembre à Prague un contrat d’acquisition pour 52 CAESAr (« Camion équipés d’un système d’artillerie ») auprès de l’entreprise française de construction de matériels militaires Nexter.

Destinés à remplacer les vieux obusiers automoteurs à roues de conception tchécoslovaque Dana ZTS de 152 mm, en dotation depuis quarante ans, les premiers CAESAr, qui répondent à tous les standards de l’OTAN, doivent être livrés à l’armée tchèque à partir de 2024 ; les derniers à l’horizon 2026. La version retenue par le gouvernement tchèque est celle à huit roues motrices, en mesure de porter trente-six obus.

C’est en juin 2020 que le gouvernement tchèque annonçait le succès de l’offre proposée par Nexter face à ses sept autres concurrents. Envisagé à l’époque à hauteur de 224 millions d’euros (6 milliards de couronnes tchèques), le montant du contrat, qui prévoit l’acquisition du matériel, la formation des instructeurs et artilleurs, la mise en œuvre d’un simulateur d’entraînement, mais aussi la fourniture de certaines munitions et d’un stock de pièces de rechange, dépasserait aujourd’hui les 335 millions d’euros (8,5 milliards de couronnes).

En service dans l’armée française depuis 2008, le CAESAr a largement fait les preuves de son efficacité au combat, notamment en Irak, contre l’État islamique. Cette commande marque le renforcement du partenariat liant le gouvernement tchèque au groupe Nexter qui avait déjà été retenu en 2019 par Prague pour fournir soixante-deux véhicules de transport de troupes blindés « Titus », produits sous licence avec la holding Czechoslovak Group (CSG).

Les contreparties pour l’industrie tchèque sont importantes. Dans son communiqué de presse, Nexter explique ainsi qu’en « plus de la société Tatra Trucks qui fournit le châssis, le contrat prévoit d’impliquer plusieurs sociétés du groupe CSG : Excalibur Army est notamment en charge de l’assemblage des CAESAR destinés à la République tchèque, Tatra Defence Vehicles réalise localement la cabine blindée, et RETIA intègre les moyens de communication et les équipements liés au système de contrôle des feux d’artillerie. Enfin, le partenariat porte également sur les munitions, principalement avec les sociétés STV et Explosia ». Environ 40 % du total de la valeur du contrat devraient ainsi être réalisés localement.

Septième marché à l’export pour le CAESAr, la Tchéquie est par ailleurs le troisième pays de l’Union européenne – après le Danemark, et naturellement la France – à se doter de cet équipement.

La conclusion de ce contrat d’armement marque, après plusieurs désillusions (échec de la vente des hélicoptères Caracal en Pologne en 2016) et quelques réussites (ventes de frégates à la Grèce et d’avions Rafale à la Grèce et à la Croatie cette année), un succès pour Paris. L’ambition industrielle et commerciale du gouvernement français d’orienter sa politique d’exportation d’armements vers les pays de l’Union européenne se double en effet d’une volonté de pousser les pays membres à assumer leur autonomie stratégique grâce à l’acquisition de moyens propres.

La signature du contrat avec Nexter a ainsi été l’occasion pour le ministère français des Armées de rappeler que la « construction d’une Europe de la défense solide passe par des coopérations industrielles et exportations entre pays européens pour améliorer l’interopérabilité entre nos forces armées [et] pour renforcer l’industrie de défense européenne ». Florence Parly n’a enfin pas manqué de saluer le rôle que jouent les soldats de l’armée tchèque au sein de la Task Force « Takuba », engagés au Mali depuis février 2021.

Photographie : ministère tchèque de la Défense, compte Twitter de Lubomír Metnar.

Matthieu Boisdron

Rédacteur-en-chef adjoint du Courrier d'Europe centrale

Docteur en histoire (Sorbonne Université)

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