Jobbik, cela est bien connu, n’est pas ce qu’on pourrait appeler un fervent partisan du multiculturalisme. Lors d’une conférence de presse mercredi, le parti d’extrême-droite a exposé ses solutions très concrètes face à l’échec de l’intégration des Roms en Hongrie.
Pour Jobbik, le constat est sans appel : la politique d’intégration de la minorité rom dans la société hongroise, menée depuis la fin de la période communiste, est un échec que les partis précédemment au pouvoir n’ont pas eu le courage d’affronter. Selon son leader, Gabor Vona, le multiculturalisme et plus spécifiquement la cohabitation entre Hongrois ethniques et Roms est la faiblesse principale de la Hongrie. « Nous avons besoin de nouvelles solutions si nous voulons éviter la guerre civile« , a-t-il estimé devant les journalistes présents à la conférence de presse.
Ses solutions ? La ségrégation par la création de « zones de criminalité », où seraient parqués, sous surveillance policière, les délinquants. Très concrètement, Jobbik a proposé, par la voix de son député Csanad Szegedi, la mise en place d’une première « zone d’ordre public », dans la ville de Miskolc. Une zone bouclée où ses résidents seraient enregistrés et placés sous la surveillance permanente de la gendarmerie locale, dans le but de venir à bout des « éléments criminels » et de les forcer à l’intégration. Ce vaste programme prévoit aussi la création de prisons autonomes où les détenus subviendraient eux-mêmes à leurs besoins. Jobbik n’oublie pas non plus les enfants roms, ces délinquants en devenir (Sic!), avec la création de pensionnats où « la ségrégation serait un outil éducationnel plus productif ». La ghettoïsation pour le bien des Roms, en quelque sorte. Il est peu sûr que les principaux concernés goûtent cette sollicitude à leur égard comme il se doit…
Un peu de la même façon que Laurent Fabius avait affirmé, en France dans les années 80, que « Le Pen pose les bonnes questions mais donne les mauvaises réponses », le tableau dressé par Jobbik ne fait pas débat en Hongrie, mais c’est sur les solutions à apporter que l’opposition socialiste et le parti de droite au pouvoir divergent. Les socialistes du MSZP estiment que le gouvernement FIDESZ de Viktor Orban ne se distance pas suffisamment de l’extrême droite et ont menacé de « rapporter » l’affaire à Bruxelles pour dénoncer son « silence cynique sur des questions qui mettent en danger la démocratie. » s’il ne prenait pas position plus clairement. Dans un communiqué, la FIDESZ a estimé pour sa part que la solution « n’est pas de créer des ghettos, mais d’avoir une législation stricte et une police forte ». Elle a intimé à Jobbik, ses petits frères turbulents de l’extrême-droite, d’ « examiner la Constitution hongroise avant d’émettre des propositions si outrageantes. »
Pour Jobbik, à problème simple, réponse simple. C’est sans doute la grande force de ce parti et la principale raison de son succès que de proposer des solutions rapides et radicales à des questions complexes, voire parfois considérées comme insolubles par le reste de la classe politique.
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Assez évident qu’un parti d’extrême droite est un parti d’extrêmes, en France on voit les transferts entre les ultra-gauches et le FN se faire de plus en plus facilement (dans un sens et dans l’autre). D’ailleurs l’anti-tout notamment l’anti-sémitisme monte en fléche à l’extrême-gauche… rien d’étonnant. Par contre on peut être tout a fait opposer au multiculturalisme et aux cultes des minorités(!) sans pour autant être à l’extême, il ne faut pas tout confondre comme eux également le font mais « lucidement » et « statégiquement » je veux dire sans suivre bêtement la propagande actuelle qui arrive si bien à lier l’universalisme dépassé des altermondialismes et justement la mondialisation dans laquelle la plupart se pavane sans rien y voir…
Cet article a le mérite de faire connaître les questions hongroises à la francophonie, cause que je défend depuis 10 ans. Dans un mode de pensée francophone, la xénophobie ou le racisme n’ont évidemment pas de sens. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas avoir le courage politique d’aborder les question de front. Il y a un réel rejet de la minorité ROM par une majorité de la population hongroise. Que faire ? Faire des incantations ou trouver des solutions ?
J’entends les hongrois se plaindre des gens qui ne font que « maszkalni az utçan » « taîner dans les rues ». Volà une vraie question. ;Comment occuper la population ? Comment éviter qu’elle ne vole ou ne commette des délits. Comment éviter qu’elle se retrouve « in fine » en prison.
Si la classe politique hongroise fait la même erreur que la classe politique française, c’est à dire de diaboliser les questions posées avec le jobbik, on aboutira au même pourrissement qu’en France.
Il existe une question Rom dans toute l’Europe. C’est donc à ce niveau qu’elle peut être réglée par le versement d’un minimum d’existence versé par Bruxelles en échange d’une obligation de scolarisation, de travail d’intérêt général et, évidemment, de l’interdiction absolue de port d’armes par le minorité Rom qui n’est plus dans l’Etat de droit. Le répression féroce de ceux qui font des pogroms contre cette minorité doit aussi être à l’ordre du jour. Les Roms doivent être protégés en échange de leur désarmement. .