Cadeau à un Benyamin Netanyahou de nouveau en campagne électorale, la Tchéquie a inauguré jeudi une antenne diplomatique à Jérusalem, rattachée à son ambassade en Israël basée à Tel-Aviv. Une décision vivement critiquée par la Palestine, la Turquie et la Ligue arabe.
Une visite éclair, avec un beau cadeau dans les bagages. Jeudi 11 mars, les Premiers ministres tchèque et hongrois, Andrej Babiš et Viktor Orbán, sont allés à la rencontre de leur proche allié diplomatique Benyamin Netanyahou, certainement désireux d’afficher ses soutiens à l’étranger deux semaines avant les élections législatives prévues le 23 mars.
Un voyage durant lequel Andrej Babiš, très chahuté dans son pays en raison de sa gestion de la crise sanitaire, n’a pas manqué d’aller inaugurer l’antenne diplomatique ouverte au début du mois de mars par l’ambassade de Tchéquie à Jérusalem.
Si Prague ne reconnaît toujours pas la ville sainte – contestée et revendiquée comme capitale à la fois par les Israéliens et les Palestiniens – comme la capitale d’Israël, ce geste demeure symboliquement fort. Les Israéliens ont su apprécier le geste de Prague en offrant 5 000 doses de vaccins Moderna à un pays en grande difficulté sur le plan sanitaire.
La Tchéquie n’est pas le premier pays d’Europe centrale à ouvrir une représentation diplomatique à Jérusalem. Comme le rappelle Kafkadesk, en 2019, c’est la Hongrie qui emboîtait la première le pas aux Américains, devenant ainsi le premier pays européen à ouvrir une antenne diplomatique à Jérusalem, en l’occurrence une chambre de commerce. Si à l’annonce du transfert de l’ambassade, les pays d’Europe centrale étaient d’abord réticents à suivre l’administration Trump, ils ont vite évacué leurs doutes.
Passeport vaccinal et vaccin de deuxième génération
Le but officiel de la visite était cependant tout autre, puisque M. Babis et M. Orbán ont principalement discuté vaccin avec M. Netanyahou. L’objectif des centre-Européens est d’intégrer l’« alliance vaccinale » formée par Israël, l’Autriche et le Danemark une semaine plus tôt, qui ambitionnent de produire ensemble des vaccins anti-Covid-19 de seconde génération.
Le gouvernement hongrois en a aussi profité pour annoncer l’arrivée d’une entreprise israélienne en Hongrie, pour produire des respirateurs et des tests covid-19.
Israël a également enjoint ses partenaires tchèques et hongrois à rejoindre le programme de développement du passeport vaccinal israélien, dit « passeport vert ». Les deux visiteurs n’ont pas manqué de vanter la politique sanitaire israélienne – près de 60 % de la population a reçu au moins une dose du vaccin Pfizer – tandis que Netanyahou qualifiait ses hôtes d’ « amis personnels proches ».
La Palestine, la Ligue arabe et la Turquie protestent
Ces courbettes diplomatiques ne sont pas du goût de l’Autorité palestinienne. Cette dernière a promptement réagi en dénonçant une « une attaque flagrante contre le peuple palestinien et ses droits, une violation flagrante du droit international », ajoutant que cela va porter atteinte à un règlement pacifique du conflit.
Depuis Le Caire, le Secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, considère que ce mouvement risque de menacer le statut légal de la ville. La Turquie a également fait part de ses « inquiétudes ». Les autorités tchèques ont répondu que l’ouverture de cette antenne n’impactait pas la volonté de Prague de développer ses relations avec l’Autorité palestinienne.