Dans une interview accordée jeudi au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, le premier ministre hongrois Gordon Bajnai s’est exprimé sur ce qu’il est convenu d’appeler en Hongrie, comme dans le reste de l’Europe, « la question Rom ».
Selon lui, plus que le rattrapage économique du pays, plus que la digestion de l’histoire récente du pays qui divise encore profondément la société hongroise, la question de l’intégration des Roms dans la société « demeurera le thème le plus important de la politique hongroise pour les 15 à 20 prochaines années. […] Si on ne réussit pas leur intégration, la Hongrie ne pourra avoir un développement durable sur le long terme ».
C’est une bien lourde tâche à assumer pour les Roms du pays… Si l’intention est louable, la forme est assez indélicate car elle soulève la question en des termes ethniques. Or, répondre à un défi qui est avant tout social et économique en des termes ethniques est souvent peu productif, voire franchement contre-productif. Ces déclarations dans les colonnes d’un quotidien étranger sont aussi un peu surprenantes car le parti socialiste auquel il est affilié –à défaut d’y être encarté- est d’habitude relativement frileux sur ce sujet. Il s’est même souvent opposé au cours de ces derniers mois au racisme, présumé ou avéré, d’une partie de la droite hongroise et l’a dénoncé chaque fois qu’elle est allé dans le sens d’une marginalisation de la population rom de Hongrie.