La Lituanie a entrepris la construction d’une clôture le long de sa frontière avec le Bélarus, accusé par Vilnius et Varsovie d’acheminer des migrants vers l’UE.
C’est un mur de plus qui va être érigé en Europe, de plusieurs centaines de kilomètres de long.
Tetas, une entreprise de construction qui fait partie du groupe énergétique public lituanien Epso-G a commencé à acheminer le matériel nécessaire à la construction d’une clôture de 111 kilomètres de long, a rapporté le radiodiffuseur public LRT.
L’entreprise a aussi marqué les sections des points de contrôle frontaliers de Druskininkai, Barauskas et Adutiskis dans le sud-est de la Lituanie.
Dans l’urgence, des barbelés accordéon vont être posés dans les sections clés ce mois d’octobre, puis la pose d’une clôture de 4 mètres de hauteur sera effectuée à partir de novembre/décembre, avec pour objectif de l’achever d’ici le mois d’avril 2022.
500 km au total
Mais ce tronçon de 111 kilomètres ne représente qu’une première étape. L’entreprise Epso-G prévoit de lancer un second appel d’offres dès cette semaine, pour la construction d’une section de 400 kilomètres qui doit être terminée d’ici septembre 2022.
Le gouvernement lituanien, qui accuse Alexandre Loukachenko de mener une « guerre hybride » contre la Lituanie, a alloué 152 millions d’euros pour la construction d’une barrière de 508 kilomètres.
La Lituanie a accueilli sur son sol des opposants au régime de Loukachenko et son parlement a reconnu Svetlana Tsikhanovskaïa comme la présidente légitime du Bélarus.
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A Varsovie aussi on s’inquiète des mouvements du voisin de l’est. La Biélorussie augmente la pression de l’émigration illégale vers les frontières de l’UE en acheminant « des dizaines de milliers d’immigrants dans son pays afin de les livrer à la frontière avec la Pologne », a assuré le premier ministre Mateusz Morawiecki.
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Tout le monde en Lituanie ne voit pas ce nouveau mur d’un bon œil.
Dans une interview au « Courrier d’Europe centrale », l’eurodéputé et ancien ministre de la Défense lituanien Juozas Olekas estime que « Loukachenko est un leader illégitime qui […] utilise les migrants comme un mécanisme de pression sur l’Union européenne ».
Pour autant, Juozas Olekas déclare : « Je ne suis pas favorable à l’érection de murs sur l’ensemble de la frontière et je pense qu’un travail diplomatique intensif, y compris avec les pays d’origine des migrants, ou de meilleures patrouilles, qui fonctionnent déjà, seraient des mesures plus efficaces. Je pense qu’il est inutile de paniquer, car ça ne sert jamais à rien, et que nous devrions nous concentrer sur des solutions à long terme ».
Photo : D. Umbrasas / LRT