La justice hongroise refuse de livrer Nikola Gruevski aux autorités macédoniennes

Condamné à deux ans de prison ferme dans son pays, l’ancien premier ministre macédonien a comparu ce matin devant le tribunal métropolitain de Budapest. Au terme d’une audience de quelques heures, la juge a rejeté la demande d’extradition des autorités macédoniennes.

Budapest et Skopje, correspondances – Il est loin le temps où Nikola Gruevski et Viktor Orbán se prélassaient ensemble sur les rives du lac d’Ohrid, en Macédoine du nord. Réfugié en Hongrie depuis novembre dernier au terme d’une exfiltration pilotée par Budapest, c’est menotté et lunettes de soleil vissées sur la tête que l’ancien premier ministre macédonien a été déféré ce matin devant le tribunal métropolitain de Budapest qui a examiné la demande d’extradition formulée par Skopje. Au terme de la délibération, la justice hongroise a refusé de livrer Nikola Gruevski aux autorités macédoniennes.

« Les conditions d’extradition ne s’appliquent pas au mandat d’arrêt international et à la demande d’extradition de la Macédoine du nord », a estimé la juge Éva Várhegyi dans son rendu de jugement, délivré peu avant midi. « Le statut de réfugié est un obstacle à tout retour ultérieur et à toute extradition. En vertu de la loi, une personne à qui le statut de réfugié a été accordé ne peut être extradée vers l’État d’où elle a fui », s’est également justifiée la magistrate hongroise.

Nikola Gruevski, avait pris la fuite en novembre 2018, après avoir été condamné à deux ans d’emprisonnement dans l’affaire « tank » (abus de pouvoir pour l’achat d’un véhicule de fonction utilisé à des fins personnelles). Il avait rapidement demandé l’asile politique aux autorités hongroises et l’avait obtenu dans la foulée. Une première demande d’extradition du ministère de la justice macédonien avait été déboutée par les autorités hongroises. Toutefois, une nouvelle requête a été formulée la semaine dernière, car M. Gruevski est impliqué dans d’autres affaires dont les procès sont toujours en cours, notamment celui relatif aux événements du 27 avril 2017, où il est accusé d’être l’instigateur des violences survenues au Parlement.

« Je comprends la décision et ne souhaite pas faire appel »

Le gouvernement hongrois gardait le silence sur cette nouvelle demande, indiquant via son ministre des affaires étrangères, Péter Szijjártó, que « dans le système juridique hongrois, le gouvernement n’a rien à voir avec de telles demandes ». « Ce sera une décision d’un tribunal totalement indépendant du gouvernement », avait-il tenu à préciser.

Si le tribunal de Budapest n’a pas levé le mandat d’arrêt international contre Nikola Gruevski, il a reconnu explicitement que l’ancien premier ministre macédonien n’aura pas grand chose à craindre tant qu’il restera en Hongrie. « Après cette décision [du tribunal], Nikola Gruevski ne pourra pas être incarcéré dans le pays », a également estimé ce matin la juge Éva Várhegyi. « Je comprends la décision et ne souhaite pas faire appel », lui a répondu le comparu. Le bureau du procureur de Budapest ne s’est pas encore prononcé sur la suite qu’il entend donner à la procédure judiciaire.

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