Mari Törőcsik, qui a reçu trois fois le prix Kossuth et le prix d’interprétation féminine au festival de Cannes de 1976, est décédée le 16 avril 2021 à l’hôpital. Sur scène jusqu’en 2017, elle avait 85 ans.

La Hongrie a perdu la plus grande de ses actrices, avec le décès de Mari Törőcsik, à l’âge de 85 ans, annoncé le 16 avril 2021.
Au cours d’une carrière longue d’un demi-siècle, Mari Törőcsik a joué avec presque tous les réalisateurs hongrois d’importance, de Miklós Jancsó à Károly Makk, en passant par Péter Gárdos, Péter Tímár et Márta Mészáros.
L’actrice a été couronnée de succès et de prix prestigieux. En Hongrie, où elle a remporté trois fois le prix Kossuth, en 1973, 1999 et 2019, ou encore le prix Mari Jászai, en 1964 et 1969. Et à l’international, où elle s’est vu décerner le prix de la meilleure actrice au Festival de Cannes de 1976, pour sa performance dans « Où êtes-vous madame Déry ? » (Déryné hol van?), de Gyula Maár. Elle y interprète une actrice adulée en son pays, puis ringardisée par l’arrivée d’un nouveau talent.
Mari Törőcsik a aussi beaucoup joué au théâtre, à Győr, Kaposvár et Szolnok. Elle a occupé les planches du Théâtre National entre 1958 et 1978, puis de 2002 jusqu’à sa retraite. Son rôle sublime dans Szerelem (Amour) de Károly Makk, marque aussi les esprits, et lui vaut la mention spéciale du Jury à Cannes en 1971, dans la catégorie Un Certain Regard.
Le succès très tôt
Née en 1935 à Pély, à une centaine de kilomètres à l’est de Budapest, elle « monte » à la capitale pour étudier à l’Université des arts du théâtre et du cinéma, la même SZFE qui mène aujourd’hui une fronde contre le pouvoir hongrois. Elle avait changé son prénom, Mariann pour Mari, sur les conseils de ses amis réalisateurs et s’inspirant de l’exemple de la plus grande star de l’époque, Mari Jaszai.
Très vite remarquée, elle décroche dès sa première année d’étude un rôle qui lui vaudra une renommée internationale dans Un petit carrousel de fête (Körhinta), de Zoltán Fábri, tournée en 1955.
« Je me souviens à quel point elle était jeune quand le succès mondial lui est tombé dessus. Elle venait tout juste de s’inscrire à l’université, et l’instant d’après, elle était déjà connue dans le monde entier pour le Petit Carrousel », s’est souvenu Gyula Bodrogi, son premier mari. « C’était une personne très gentille, belle et sensible comme une jeune fille doit l’être. Puis elle est devenue un exemple dans sa profession ».
La scène où elle se trouve dans le manège et sa réplique « Repülünk Mari! » et restée culte en Hongrie. En témoigne l’hommage rendu par le premier ministre Viktor Orbán sur sa page facebook : « Repültünk, Mari, repültünk! ».
Les hommages se sont succédé, venant du monde des arts et de la politique, de tous bords. « Nous attendons tout le monde avec une fleur, pour rendre hommage à l’une des plus grandes artistes hongroises de tous les temps », a déclaré Attila Vidnyánszky, directeur du Théâtre national. Le maire de Budapest, Gergely Karácsony, a aussi salué la mémoire d’« une des plus grandes actrices ».