Budapest et Bucarest jugent que la loi adoptée en fin d’année dernière par Kyïv opère un recul sur la protection des minorités nationales en Ukraine.
Une nouvelle législation portant sur le statut et la protection des minorités nationales a été adoptée par le parlement ukrainien à la mi-décembre puis promulguée le 29 décembre.
Cette loi ne satisfait pas du tout les voisins hongrois et roumains. Budapest et Bucarest entendent la contester en saisissant la Commission de Venise, un organe consultatif du Conseil de l’Europe, qui sera chargée de vérifier sa conformité vis-à-vis des règles internationales et européennes.
Le dernier recensement organisé en Ukraine remonte à 2001. 157 000 citoyens s’étaient auto-déclarés Hongrois et 151 000 Roumains, auxquels s’ajoutent 259 000 Moldaves, essentiellement roumanophones, et dont Bucarest revendique la « roumanité ».
Le président roumain Klaus Iohannis a fait savoir, début janvier, à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky que la nouvelle législation mécontentait son pays, rapporte Balkan Insight.
La Roumanie avance les mêmes arguments que la Hongrie : la minorité roumaine rencontrerait des difficultés d’accès à l’enseignement dans sa langue maternelle, d’utilisation du roumain dans l’administration et la justice, de financement des associations culturelles et des médias en langue roumaine.
Le Secrétaire d’État hongrois à la politique nationale, János Árpád Potápi, estime que la nouvelle législation opère nombre de reculs par rapport à la loi ukrainienne de 1992. Il reproche à Kyïv de ne pas avoir engagé de dialogue significatif avec les minorités nationales, ni suivi les sept recommandations émises par la Commission européenne dans son avis du 17 juin 2022 sur l’octroi du statut de candidat à l’Ukraine.
Plus qu’un pont culturel entre les deux pays, la minorité hongroise représente un hiatus politique entre la Hongrie et l’Ukraine, dont les relations ont été détériorées par une loi sur l’éducation adoptée en 2017 pour favoriser l’ukrainien dans les écoles aux dépens – selon Budapest – des langues minoritaires. Par mesure de rétorsion, Budapest a fait obstruction à Kyïv dans tous les forums internationaux, entravant y compris son rapprochement avec l’OTAN.