Après de longues semaines d’inaction vis-à-vis des associations d’autodéfense liées à Jobbik , le gouvernement hongrois a finalement tapé du poing sur la table en fin de semaine dernière. Sans résultat probant jusque-là…

Il faut croire que Jobbik n’a pas peur du gouvernement de Viktor Orbán. Dimanche soir, plusieurs médias hongrois rapportaient que des miliciens des groupes « Szebb Jövőért Polgárőr Egyesület », « Véderő » et « Betyársereg » ont repris position dans le village de Gyöngyöspata, dans lequel ils avaient patrouillé au début du mois de mars. Probablement des personnes démobilisées de Hajdúhadház – proche de Debrecen – où ils sévissaient depuis mardi, selon ces médias.
Jeudi le ministre hongrois de l’Intérieur, Sándor Pintér avait déclaré devant la presse hongroise et internationale : « Je peux l’affirmer avec certitude, il n’y aura plus dorénavant en Hongrie ce genre de patrouilles qui s’abritent sous le masque d’une prétendue légalité. […] Je suis heureux de déclarer que l’association « Un avenir meilleur », qui a commencé ses patrouilles mardi, a cessé son activité dès mercredi sur ordre de la police« , selon des propos rapportés par l’AFP. Faux, avait rétorqué la branche locale de Jobbik.
Le même jour, Viktor Orbán lui-même était monté au créneau : « Nous ne pouvons pas accepter que des organismes en dehors de l’Etat usurpent le droit de faire valoir le droit. […] Nous ne supportons pas les démonstrations de force, les manifestations de ce type », a-t-il affirmé. « Nous sommes dans un pays civilisé, au 21ème siècle, c’est l’Etat qui doit garantir la sécurité de ses citoyens et c’est pour ça que j’ai augmenté les effectifs de la police« .
Avant cela, le gouvernement se défendait de fermer les yeux devant le phénomène et expliquait qu’il ne pouvait pas agir juridiquement en l’absence de violences physiques directes. Une explication fermement contestée par plusieurs ONG : Társaság a Szabadságjogokért (TASz), le Comité Helsinki et la fondation de György Soros, Eötvös Károly Intézet.
Meeting Jobbik à Hajdúhadház
Dimanche soir, Jobbik a marqué la fin de son « action » à Hajdúhadház avec un meeting politique rassemblant plusieurs centaines de militants et sympathisants locaux. « Jobbik laisserait les portes ouvertes du travail, des études et d’une vie digne aux Tsiganes« , a affirmé son président Gábor Vona, promettant que « Si Jobbik parvient au pouvoir, il y aura l’ordre, la sécurité et la vérité en Hongrie« . Il a adressé la mise en garde suivante au premier ministre Orbán : « Ne fais pas de mal aux Hongrois, ne trahit pas les Hongrois, sinon tu connaitras le destin de Gyurcsány« .
Le député Jobbik local, Gergely Rubi, a quant à lui appelé à la démission du ministre de l’Intérieur Sandor Pintér, qu’il a banni symboliquement de Hajdúhadház, puis a présenté une pétition de soutien à l’« opération de pacification » des milices -selon la terminologie employée par Jobbik – signée par pas moins de 5.000 habitants locaux. Comme précédemment à Gyöngyöspata puis à Hejászalonta, le parti a réussi son pari : diviser la population locale, s’attirer le soutien d’une grande partie d’elle et, surtout, faire parler de lui dans toute la presse nationale.
J’en ai croisé quelques uns alors que j’avais une chambre dans un hôtel de Debrecen ou ils faisaient une « réunion » et bien ils n’avaient pas vraiment l’air d’être des enfants de cœur et avaient tous de belles têtes de vainqueurs…