La Slovaquie a annoncé la semaine dernière son intention de lever les restrictions à la double-citoyenneté pour ses citoyens d’origine hongroise, quant à l’Union européenne, elle n’a pas les moyens juridiques de s’opposer ni à l’octroi par Budapest de la citoyenneté aux minorités hongroises, ni à leur éventuel droit de vote.
Les obstacles se lèvent les uns après les autres et plus rien ne devrait venir contrecarrer les plans de la Fidesz au pouvoir pour rassembler au sein d’un même espace politique la nation hongroise divisée après la première guerre mondiale, en offrant la citoyenneté puis le droit de vote aux Hongrois des pays voisins.
L’obstacle slovaque se lève
Interrogé par HULALA au cours de sa visite à Paris au début de l’année, le ministre des affaires étrangères Janos Martonyi s’était montré confiant sur les réactions suscitées par les gesticulations de Budapest dans les pays voisins : « Il faut éviter les discriminations entre Hongrois. Dans les autres pays, tous les Hongrois peuvent avoir un passeport hongrois et voter. Nous ne l’octroyons pas en masse. […] Nos relations avec la Roumanie et la Serbie n’ont jamais été aussi bonnes et même pour ce qui est de la Slovaquie, elles s’améliorent. Mais en Slovaquie, cette question de double-citoyenneté sera de moindre importance » [La Slovaquie appartenant déjà à l’espace Schengen, ses citoyens hongrois peuvent y circuler librement ndlr]. Il a toutefois refusé de confirmer – mais de façon anecdotique, car son 1er ministre, lui, ne s’en cache pas – que l’octroi du droit de vote est inéluctable.
Effectivement les relations avec la Slovaquie s’améliorent. La double-citoyenneté n’y rencontre pas le même succès qu’ailleurs. Et pour cause, toute personne déposant une demande de citoyenneté hongroise risque de se voir déchoir de sa citoyenneté slovaque en vertu de la loi sur la nationalité amendée à la hâte par Bratislava pour contrer les initiatives de Budapest. Cet obstacle devrait cependant être levé rapidement si l’on en croît les déclarations récentes de Mme Radicova, la premier ministre du nouveau gouvernement slovaque. Une évolution heureuse qui doit sans doute aux déplacements quelques jours plus tôt du président de la République hongroise Pal Schmitt, puis du premier ministre Orban lui-même dans l’ancienne contrée nord du royaume de Hongrie, pour tenter d’aplanir les différends avec Bratislava et signer un important accord sur les connexions gazières transfrontalières.
L’Europe condamnera mais restera impuissante
Il semble quand même que la Hongrie ait tiré quelques leçons du timing désastreux de la mise en place de la loi sur médias, car selon les dernières informations communiquées par ses soins, le gouvernement à l’intention de patienter jusqu’à la fin de sa présidence de l’UE avant d’aller plus en avant sur le dossier potentiellement explosif du droit de vote pour les minorités hongroises, afin d’éviter de polluer sa présidence par une nouvelle querelle avec ses partenaires européens. Quoi qu’il en soit, les questions de nationalité et de droit de vote étant du ressort exclusif des États membres et ne relevant en aucun cas des compétences communautaires, l’Europe ne pourra pas mettre de bâtons dans les roues du gouvernement, comme elle est en train d’essayer de le faire en ce qui concerne la loi sur les médias.
Au début de l’année, Janos Martonyi assurait pourtant à Hu-lala que « Dans le cadre de la présidence hongroise, la double nationalité ne posera pas de problèmes« . Il ne se trompait qu’à moitié. Quelques jours plus tard le Parti populaire européen (PPE) auquel la Fidesz est affiliée, exprimait ses doutes quant à l’initiative de Budapest d’octroyer le droit de vote aux Hongrois des pays voisins, qui « reviendrait à ne pas reconnaître les frontières, ce qui est inacceptable« , selon son leader Joseph Daul. Une déclaration corrigée plus tard par son porte-parole affirmant qu’elle ne concernait que les Hongrois d’outre-frontières n’ayant pas la citoyenneté hongroise…
Budapest peut donc se réjouir de ces dernières évolutions et commence d’ailleurs ses préparatifs, en mettant les petits plats dans les grands. De la même manière que la nouvelle Constitution doit être approuvée le jour de l’anniversaire de la « révolution des urnes » qui a porté Viktor Orban pour la seconde fois au pouvoir, le 25 avril dernier, les premiers demandeurs recevront leur acte de citoyenneté le 15 mars, jour de fête nationale. Si le gouvernement ne brille pas particulièrement par sa communication à l’international, force est de constater qu’il est en revanche bien meilleur lorsqu’il s’agit de donner dans le symbolique à la maison.
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Cela me semble surtout être une combine pour s’attacher quelques électeurs supplémentaires reconnaissants. Ceux qui choisiront de demander la nationalité étant sur la même longueur d’onde idéologique.
Toute chose égale par ailleurs, on a beaucoup pratiqué ce genre d’exercice, en France, avec les DOM-TOM.
Il faudrait aussi arreter de voir des combines dans toutes les mesures politiques…
je me demande si celle-ci etait bel et bien une priorité absolue….en tout ca il vaut mieux que d’autres gouvernements européens ne suivent pas le meme exemple…car créer des doubles citoyens ca revient á les mettre devant un tournant assez génant cad celui de choisir une seule nationalité…d’ailleurs l’ Union des etats européens devrait justement avoir cette fonction…..