L’Assemblée nationale polonaise a adopté mardi soir une loi qui ouvre la voie au fonds de relance de l’Union européenne pour lutter contre les effets de la pandémie. Comme elle avait prévenu, la gauche Lewica a voté avec le PiS.
Dans la bataille pour l’approbation du plan de relance européen, la Pologne a pris sa part. Mardi soir, la chambre basse du parlement polonais a donné son feu vert en approuvant un projet de loi porté par le gouvernement et intitulé « loi sur la ratification de la décision du Conseil de l’UE sur le système des ressources propres de l’Union européenne ».
Selon le Conseil européen, qui a négocié un fonds total porté aujourd’hui à plus de 800 milliards d’euros, « les fonds aideront les États membres à faire face aux conséquences économiques et sociales de la pandémie de COVID-19, tout en faisant en sorte que leurs économies entreprennent les transitions écologique et numérique, les rendant ainsi plus durables et résilientes ».
Le plan européen prévoit 250 milliards de Zlotys pour la Pologne, soit 55 milliards d’euros.
Le Premier ministre Mateusz Morawiecki (PiS), principal défenseur du texte, a déclaré que ce texte représente « l’une des décisions les plus importantes pour les 10 à 20 prochaines années » et qualifié son vote de « raison d’Etat ».
Mais l’unanimité n’était pas de mise à la Diète et le vote pourrait laisser des traces.
290 députés ont voté en sa faveur ; 33 contre ; et 133 se sont abstenus.
Le Droit et Justice (PiS) a réussi à obtenir une majorité en ralliant à sa cause le Parti paysan polonais (PSL), Polska 2050 de Szymon Hołownia, mais aussi la Gauche (Lewica).
La branche la plus droitière de la coalition au pouvoir, représentée par le petit parti « Pologne solidaire » (« Solidarna Polska ») du ministre de la Justice Zbigniew Ziobro, a une nouvelle fois défié le PiS et son chef Jarosław Kaczyński, en refusant de voter en faveur d’un texte qui, selon Zbigniew Ziobro, représente une atteinte à la souveraineté nationale.
La Coalition civique (KO) a tenté en vain de reporter le vote, arguant du fait que les collectivités locales, principaux récipiendaires des fonds européens, n’ont pas eu leur mot à dire dans le projet d’utilisation du fonds européen. Le chef de son groupe parlementaire, Cezary Tomczyk, a dénoncé une « trahison des collectivités locales » et pointé la responsabilité de la gauche qui a voté avec le gouvernement.
Les conditions de la gauche pour voter en faveur du plan de relance ont été acceptées par le chef du gouvernement et ses propositions (30 % des fonds alloués au collectivités locales ; la construction de 75 000 logements sociaux ; 850 millions d’euros pour les hôpitaux) ont été incluses dans le plan national qui a été envoyé à la Commission européenne, a justifié Lewica.
« C’est un excellent plan pour remettre l’Europe sur pied après la pandémie », a considéré, au contraire, le député de gauche Adrian Zandberg. « Ceux qui veulent détruire l’Union rêvent de l’effondrement du Fonds. Quiconque vote pour la ratification vote pour une Europe forte, [qui est] la meilleure garantie de la démocratie et de l’État de droit ».
Plusieurs pays de l’UE tardent à présenter leurs plans nationaux définissant leurs programmes de réforme et d’investissement jusqu’en 2026 et ont dépassé la date butoir du 30 avril, dont la Hongrie, très réticente à contracter une dette mutualisée entre les États européens.