La « Coalition européenne » s’est encore renforcée ce week-end avec le soutien de Nowoczesna et du Parti paysan polonais. Comptant désormais sept organisations, allant de la gauche socialiste au centre-droit libéral-conservateur, l’enjeu de cette plateforme électorale hors-norme est de ne pas se réduire à un simple front anti-PiS.
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Les élections européennes 2019 vues par Le Courrier des Balkans et Le Courrier d’Europe centrale |
Et de sept ! Après Les Verts et les socialistes du SLD la semaine dernière, les centristes de Nowoczesna et le Parti paysan polonais (PSL) ont annoncé respectivement vendredi et samedi leur ralliement à la Coalition européenne, constituée au début du mois de février par d’anciens premiers ministres polonais, du principal parti d’opposition – la Plateforme civique (PO) – et de deux petites formations autour de Barbara Nowaczka (Initiative Pologne) et Ryszard Petru (Teraz!).
Calibré pour contester au parti au pouvoir Droit et justice (PiS) la place de première force politique de Pologne, ce front hétéroclite cherche à faire des élections européennes du 26 mai prochain une rampe de lancement pour les élections législatives de cet automne.
« Nous sommes convaincus qu’une telle coalition a une chance de gagner ces élections [européennes] et d’être un espoir cet automne pour tous les Polonais et Polonaises », a déclaré vendredi Katarzyna Lubnauer, la présidente de Nowoczesna lors d’une conférence de presse. Dans la matinée, le bureau du parti s’était réuni pour prendre une décision attendue depuis plusieurs semaines. Du côté du PSL, c’est le Conseil national du parti qui a avalisé l’alliance électorale, par 86 voix contre 8, lors d’une séance qui s’est tenue samedi.
L’absent Robert Biedroń
Dimanche, les sept partis coalisés ont signé un manifeste commun pour sceller leur entente électorale. « Nous venons de divers milieux politiques, mais nous sommes unis par la conviction que la place de notre patrie est en Europe, et qu’il s’agit là d’une raison d’État pour la Pologne », peut-on notamment lire dès la première phrase.
« Rappelons-nous que le 4 juin 1989, c’est la grande coalition de tous les groupes qui nous a permis de créer les conditions pour accéder à la victoire », a ainsi tenté de dramatiser le président de la Plateforme civique, Grzegorz Schetyna, lors de la conférence de presse en marge du lancement du manifeste, en forçant l’analogie entre la fin du PiS et celle de l’ancien régime communiste. « C’est la réponse aux demandes des Polonais. Ils nous ont dit : il faut vous rassembler », a salué de son côté le chef du PSL Władysław Kosiniak-Kamysz.
La dimension de cette alliance est sans précédent dans l’histoire récente du pays. Si elle a été renforcée par l’arrivée du SLD et des Verts, deux partis marqués à gauche, l’ensemble de l’attelage tire plutôt vers le centre-droit. Le risque reste grand que l’addition de toutes ces forces ne reste que théorique, et que ce soit le mouvement Wiosna de Robert Biedroń, resté hors de la Coalition, qui tire les marrons du feu en attirant à lui l’électorat polonais le plus progressiste.
L’ancien maire de Słupsk n’a d’ailleurs pas manqué de décocher quelques flèches contre la convention de son parti ce week-end à Opera Nova. « J’ai l’impression que ce printemps, nous ne parlerons pas des programmes, mais passerons notre temps à regarder qui est avec qui et pourquoi – je le déplore », a-t-il notamment grincé.
« S’il est important d’établir un accord, il s’agira aussi de le tenir »
« Le véritable enjeu est que la quantité ne se fasse pas aux détriments de la qualité », a analysé de son côté l’éditorialiste Bogusław Chrabota dans un court texte paru aujourd’hui dans le quotidien conservateur Rzeczpospolita. Pour le journaliste, « la Coalition est réduite à n’être qu’un acteur parmi d’autres de la compétition électorale. Deuxièmement – et rappelons-nous que la coalition est formée de politiciens de formations qui se sont souvent opposées -, s’il est important d’établir un accord, il s’agira aussi de le tenir ». Parmi les échéances qui attendent la Coalition européenne : l’établissement des listes pour le scrutin, la mise en place d’une équipe de campagne et l’élaboration d’un programme commun vont être de véritables tests pour la solidité de l’attelage.