La législation hongroise n’oblige pas les autorités à nourrir les personnes majeures retenues dans les zones de transit. Les adultes déboutés de leur demande d’asile ne reçoivent pas de nourriture gratuite, car elles sont considérées comme immigrants clandestins.
C’est la huitième fois depuis le mois d’août 2018 que, saisie par le Comité Helsinki, une ONG qui assiste juridique les migrants et réfugiés, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) prend ce type de décision d’urgence. Le 15 mars, la Cour a de nouveau ordonné au gouvernement hongrois de donner de la nourriture aux migrants en détention dans la zone de transit à la frontière méridionale de la Hongrie.
Elle avait été saisie par le Comité Helsinki sur le cas d’une mère afghane et ses quatre enfants, dont trois mineurs, admis dans la zone de transit de Röszke le 10 décembre 2018 et qui ont vu leur demande d’asile rejetée. Pendant deux jours, les deux adultes n’ont pas reçu de quoi manger, obligeant la famille de cinq à partager trois portions. Car si les enfants mineurs reçoivent de la nourriture automatiquement, il n’existe pas de loi en Hongrie qui oblige les autorités à faire de même pour les personnes majeures.
« Il est consternant que le gouvernement hongrois continue de refuser de donner de la nourriture aux personnes qu’il détient, a déploré Márta Pardavi, la co-présidente du Comité Helsinki. Nous avons obtenu la huitième décision consécutive de la Cour européenne des droits de l’homme, qui montre clairement que refuser de la nourriture dans les zones de transit est tout simplement un traitement inhumain. Cela montre à quel point le gouvernement hongrois ne respecte pas pleinement les ordonnances de la Cour des droits de l’homme de Strasbourg alors qu’il se présente comme un défenseur des valeurs chrétiennes».
Dans un rapport publié au mois de septembre 2018, le Comité anti-torture avait constaté des « conditions convenables dans les zones de transit », à Röszke et à Tompa, à la frontière avec la Serbie. Mais il s’était montré critique du « traitement des migrants en situation irrégulière « refoulés » vers la Serbie ». A l’été 2016, l’ONG Human Rights Watch avait publié un rapport accablant faisant état de violences policières dans l’espace frontalier. En cause, une loi entrée en vigueur le 5 juillet qui donne le droit à la police d’interpeller sur une bande frontalière large de huit kilomètres puis d’expulser manu militari quiconque a pénétré sur le territoire hongrois sans passer par des zones de transit officielles où l’attente peut durer plusieurs semaines.
« Non, nous n’affamons pas les migrants »
« Non, nous n’affamons pas les migrants », a rétorqué dans un post de blog daté du mois de septembre Zoltán Kovács, préposé à la communication gouvernementale à destination des journalistes étrangers. « Nous continuons de respecter pleinement toutes nos obligations internationales », affirme-t-il. « Les demandeurs d’asile qui attendent [le traitement de leur demande] continuent de recevoir nourriture et abri comme cela a toujours été le cas ».
En réalité, ce sont les personnes adultes qui ont été déboutées de leur demande d’asile qui ne reçoivent pas de nourriture gratuite, car elles sont alors considérées comme des immigrants clandestins. « Cependant, la Hongrie n’est pas responsable des personnes qui n’ont pas demandé l’asile et des personnes dont les demandes ont été refusées. Il n’y a pas de repas gratuit pour les immigrants clandestins », écrit Zoltán Kovács. C’est cela qu’a contesté, avec succès, le Comité Helsinki auprès de la CEDH.
Welcome to Hungary : Hélicoptères, chiens, lacrymo’ et coups de tonfa