Katalin Novák deviendra certainement la première femme au poste de présidente de la République de Hongrie. Une bonne nouvelle pour les femmes hongroises ? Ce n’est pas l’avis de Vanessza Juhász, journaliste à Mérce. « En tant que femme, ce ne sera pas mieux pour moi d’avoir Katalin Novák comme présidente de la République ».
Cet article de Vanessza Juhász est une traduction partielle d’un article publié par le média hongrois de gauche Mérce.
Le Premier ministre Viktor Orbán a récemment annoncé la nomination de Katalin Novák, ministre sans portefeuille de la Famille, en remplacement de János Áder à la présidence de la République.
La nomination de Novák par Orbán est une décision stratégique mûrement réfléchie. Comme l’analyse Pál Dániel Rényi sur 444.hu, après sa défaite aux élections locales en 2019, le Premier ministre a chargé Judit Varga, ministre de la Justice, et Katalin Novák, ministre de la Famille, de donner un visage dynamique, jeune et féminin à ce parti vieillissant et macho qu’est le Fidesz, et de communiquer cela vers l’étranger.
Katalin Novák a [donc] pu s’exposer en public en tant que femme politique à succès et mère dévouée, cela tout en appliquant à la lettre les instructions du parti et en incarnant la politique familiale du gouvernement. Le magazine Forbes a vu en elle la femme hongroise la plus influente en 2021 (Judit Varga arrivant à la 3e place). Parmi les nouveaux visages du Fidesz, il y a également la secrétaire d’État Zsófia Rácz et la porte-parole du gouvernement Alexandra Szentkirályi.
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Le Fidesz au pouvoir a beaucoup misé sur ces nouveaux visages féminins, mais nous ne voyons pas pour autant le moindre changement dans les politiques visant à réduire les droits des femmes ou la violence à l’égard des femmes.
Le refus de ratifier la Convention d’Istanbul, la situation des familles monoparentales rendue impossible par un amendement de la Loi fondamentale et les programmes scolaires qui inculquent des stéréotypes patriarcaux ne sont que quelques-unes des nombreuses mesures qui entravent l’égalité des femmes. Judit Varga, la ministre de la Justice qui a consacré l’année 2020 à l’élimination des violences domestiques, a par exemple réussi à proposer en 2021 une loi qui, selon les organisations de défense des droits des femmes, favorise les agresseurs plutôt que les femmes.
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Si Katalin Novák veut que sa candidature représente un succès pour la majorité des femmes hongroises, elle sera forcée de se confronter au système patriarcal actuel, sinon elle ne sera qu’un instrument de la politique identitaire du Fidesz.
Que Viktor Orbán ait pris la décision stratégique de nommer Katalin Novák à la présidence de la République ne représente pas une amélioration pour moi ni pour aucune autre femme. Katalin Novák a déclaré par le passé que les femmes ne devraient pas chercher à rivaliser avec les hommes pour les mêmes salaires et les mêmes postes, et représente une politique familiale dans laquelle une partie importante des subventions est inaccessible à la majorité des familles hongroises.
En tant que femme, je pourrais être fière du prochain président de la République s’il s’attaque vraiment aux problèmes des groupes sociaux marginalisés et agit vraiment contre les violences faites aux femmes. Or, le système actuel ne voit les femmes que comme des mères, ce qui a également un effet négatif sur le soutien aux victimes. Si Katalin Novák veut que sa candidature représente un succès pour la majorité des femmes hongroises, elle sera forcée de se confronter au système patriarcal actuel, sinon elle ne sera qu’un instrument de la politique identitaire du Fidesz.