La volonté attribuée par le journal Rzeczpospolita à Marine Le Pen de « démonter » l’Union européenne en collaboration avec la Pologne et la Hongrie a semé une belle pagaille dans les médias et la classe politique polonaise.
Rzeczpospolita a attribué lundi à Marine Le Pen des propos tenus lors d’une conférence de presse la semaine dernière et adressés à Jarosław Kaczyński, le chef du parti conservateur Droit et Justice (PiS) et réputé chef d’État-bis de la Pologne. Selon le journal conservateur, la candidate du FN aux élections présidentielles françaises lui aurait proposé – ainsi qu’au gouvernement hongrois- une collaboration pour le « démontage » de l’Union Européenne.
Manipulation ou erreur de traduction ?
Cette proposition supposée de Marine Le Pen a suscité maintes réactions de la part des médias et du gouvernement polonais. Encore lundi, Beata Mazurek, porte-parole du gouvernement, a assuré sur Twitter que « PiS n’est pas intéressé par le démontage de l’UE ». Le chef du parti au pouvoir lui-même, Jarosław Kaczyński, a réagi en affirmant que Mme Le Pen se trompait dans son jugement sur la ligne politique du Droit et Justice et a rétorqué : « Nous avons autant en commun avec Mme Le Pen qu’avec M. Poutine ». Il a qualifié ces mots d’« abus » et de « manipulation ».
Or, comme l’avoue le même journal polonais ce mardi matin, la chef du FN n’a pas une seule fois utilisé le mot « démontage ». Lors de sa conférence de presse, Marine Le Pen annonçait uniquement son empressement à collaborer avec le gouvernement polonais dans des domaines particuliers. La tempête provoquée par ces fausses informations serait donc le fruit d’une manipulation de la part de Rzeczpospolita. A moins qu’il ne s’agisse d’une faute de compréhension de la part du rédacteur en chef du journal.
Un « couac » qui remet en selle les dissensions Pologne-UE
Quoi qu’il en soit, l’imbroglio ainsi créé a agis comme un révélateur du conflit entre le gouvernement polonais et l’Union Européenne, particulièrement visible depuis la dernière réunion des chefs des gouvernements européens à Bruxelles. Jarosław Kaczyński a âprement critiqué les décisions qui y ont été prises et avant toute chose la réélection de Donald Tusk au poste du Président du Conseil Européen. M. Kaczyński reproche à ce dernier de n’avoir rien fait pour renforcer la position de la Pologne au sein de l’Union européenne lors de son précédent mandat et d’avoir été défavorable à son gouvernement.
Le chef du PiS a également fortement critiqué l’idée d’une Union Européenne à plusieurs vitesses, proposée par les dirigeants de la France, de l’Allemagne, de l’Italie et de l’Espagne, lors de leur réunion lundi dernier. Selon lui, une Europe à plusieurs vitesses aboutirait ni plus ni moins à la division de l’UE. Jarosław Kaczyński nie toutefois toute volonté du gouvernement polonais de sortir de l’Union Européenne. Le gouvernement de Beata Szydło, la Première ministre polonaise, se pose même en partisan d’une Europe unie et annonce lutter contre toutes les « divisions » au sein de l’UE. Il n’en demeure pas moins que la Pologne réclame officiellement des changements importants dans les structures de l’Union pour renforcer encore plus le poids des États.
Sources : tvn24.pl, Rzeczpospolita