Il y a 10 ans, comme sept autres pays d’Europe centrale et de l’Est, la Hongrie entrait de plein pied dans l’Union européenne, après de longues années d’ajustements économiques accompagnés de bouleversements sociaux. Nous avons posé 3 questions à l’historien Gergely Fejérdy, spécialiste des affaires européennes et chercheur au « Hungarian Institute of International Affairs ».
A l’occasion de ce 10ème anniversaire, l’Institut Français de Budapest organise un cycle de discussion : « Union Européenne : stop ou encore ? ».

-
HU-LALA : Quel bilan fait-on en Hongrie de ces 10 années d’adhésion à l’UE ?
Gergely Fejérdy : Il est difficile de répondre a cette question, car je pense que la société hongroise est relativement divisée sur la question du bilan des dix dernières années. Les points de vue sont naturellement différents, entre les perdants, ou au moins ceux qui se sentent perdants, et ceux qui voient à l’adhésion des résultats plutôt positifs. La vie politique hongroise de cette dernière décennie aide peu à y voir vraiment clair sur ce sujet. Il est que vrai que malgré dix ans de préparation pour entrer dans l’UE, la Hongrie n’était, en 2004, ni dans une situation économique très facile, ni dans une position de force. Les années qui ont précédé l’adhésion ont comporté beaucoup de contradictions. Souvent les intérêts locaux et nationaux ont été peu respectés par les acteurs économiques européens des 12 puis 15. Les transformations dans tous les domaines, mais essentiellement économiques, ont bouleversé la vie d’une grande partie de la population. Le rêve européen des Hongrois, qui comportait notamment la liberté, la richesse, la culture, et avouons-le, la récompense pour tant de souffrance sous le régime communiste, s’est peu à peu transformé en une réalité grise. Les fermetures d’entreprises, le chômage, la pauvreté accrue dans certaines régions, une administration extrêmement compliquée et le transfert d’une partie de la souveraineté nationale ont rencontré l’incompréhension et la déception.
Ces derniers temps, les critiques – souvent peu fondées sur la réalité – dirigées contre la politique européenne menée par Budapest, ont suscité l’indignation chez de nombreux Magyars. Malheureusement, beaucoup ont rejoint des partis extrémistes. Chez certains, cela provoque l’apparition d’une certaine mythologie de la période Kadar (« communisme de gulyas »).
Malgré toutes ces secousses, je pense que la majorité des Hongrois, consciemment ou non, tirent un bilan positif de ces 10 ans. Être membre de l’UE permet de voir grand et d’avoir une influence sur les grands événements du monde. L’adhésion a peu a peu permis la liberté de circulation (sans passeport), les rénovations, l’amélioration sensible de l’infrastructure (les autoroutes) etc., dont on peut se rendre compte de manière très concrète. Les quelques 7000 milliards de forints que la Hongrie a pu recevoir entre 2004 et 2013 comme subvention sont considérables.
Au moment de la crise entre le pays voisin (Ukraine) et l’ancien ennemi la Russie, les Hongrois sont de plus en plus conscients de l’importance de l’appartenance de leur pays au monde euro-atlantique. La sécurité dont bénéficie le pays en tant que membre de l’OTAN et de l’EU est bien comprise. Si l’on peut dire que la distance entre la Hongrie et les anciens membres occidentaux de l’UE, du point de vue du niveau de vie, est restée stable et ne montre que peu d’amélioration par rapport à 2004, la majorité des Hongrois ne voient pas de réelle alternative en face de l’UE. Ce fait renforce l’idée que chez les Hongrois le bilan des 10 ans qui ont suivi l’adhésion est plutôt positif, mais non dépourvu de critiques.
-
HU-LALA : Qu’en est-il du sentiment d’appartenance à l’Union européenne de la population en Hongrie et en Europe centrale ? Y-a-t-il un sentiment d’être des citoyens de seconde zone ?
Gergely Fejérdy : Je pense que les Hongrois sont un peuple fier. Fier d’être notamment un peuple qui vit en Europe depuis plus de mille ans. Depuis de longs siècles l’appartenance de la Hongrie à l’Europe n’est pas une question pour les Hongrois, c’est un fait. Ce sentiment européen, qui signifie beaucoup de choses, mais par exemple influence, culture, liberté, grandeur, etc., a été très fortement écrasé durant la guerre froide sous l’emprise soviétique. Je pense que ces deux faits doivent être pris en considération lorsqu’on essaye de décrypter le sentiment hongrois à l’égard de l’UE et l’Europe Centrale. Nous avons souvent le sentiment que le rideau de fer a fait disparaître vraiment l’Unité européenne. Il y a ceux qui se trouvaient du bon coté et ceux qui se trouvaient du mauvais coté. Souvent nous avons l’impression que cette division est restée dans l’UE, comme si les pays de l’Ouest étaient supérieurs à ceux de l’Est. Oui, est donc présent en Hongrie ce sentiment de citoyens européens de seconde zone. Je pense que ce sentiment pourra peu a peu disparaître, si des deux cotés nous faisons des efforts pour mieux nous connaître, et quand l’écart du point de vue du niveau de vie diminue davantage.
La comparaison entre Moscou et Bruxelles est impossible. Il est vrai cependant que les Hongrois qui ont vu leur pays occupé depuis le 16e siècle successivement par les Ottomans, les Autrichiens (Habsbourg) puis par les Allemands (un an 1944-45) et pendant presqu’un demi siècle par les Russes, sont très méfiants, surtout s’il s’agit de règles, de directives à suivre qui peuvent heurter l’intérêt ou la fierté nationale. Il y a donc un sentiment de méfiance qui est malheureusement quelquefois accru par une communication maladroite voire incorrecte des institutions européennes ainsi que du gouvernement hongrois.
-
HU-LALA : Existe-t-il une identité centre-européenne ? L’eurodéputé Fidesz György Schopflin considère que les Européens de l’Ouest font preuve de peu de compréhension vis-à-vis des particularités nationales en Europe centrale, et que cette dernière a une pensée baroque difficilement compréhensible par les Européens de l’Ouest.
Gergely Fejérdy : L’Europe centrale est une partie de l’Europe qui a une identité distincte au sein de l’UE, comme les pays scandinaves ou les pays latins par exemple. Cette partie de l’Europe est très centrée sur son histoire. Pour aller de l’avant, nous devons consulter notre passé, qui n’est pas la tradition dans les pays comme la Belgique par exemple. La grande diversité ethnique, culturelle et même géographique est unie dans le sentiment d’être à la périphérie de l’Europe occidentale, d’être les bastions des remparts de la civilisation occidentale.
Je suis tout a fait d’accord avec M. Schöpflin qui disait que la pensée de l’Europe centrale est vraiment baroque, et qu’on peut difficilement la comprendre dans des pays européens de l’Ouest plus cartésiens.
Sur les grandes lignes de la politique européenne, les pays du V4 n’ont aucun intérêt distinct des autres pays de l’UE. Ce groupe a des intérêts différents que d’autres États membres sur certains dossiers, comme chaque pays membre peut en avoir. Ces différences sont souvent très techniques. Les quatre pays membres de l’initiative V4 tentent d’harmoniser les intérêts à l’intérieur même de cette entité. L’histoire de la période soviétique, qui est notamment un héritage commun de ces pays, joue sûrement un rôle pour mieux s’entendre, même s’il ne faut pas l’exagérer.
Interview partiellement publiée dans le journal La Libre Belgique.
C’est de plain pied qu’elle entrait.
Les paroles d’encouragement de la politique du Fidesz ont pour de nombreux hongrois un ton cynique. Aprés 4ans de pouvoir et de récession et d’innombrables mesures d’austérité, ils s ont découragés et accablés. La faim et le déséspoir se déploient, par l’éxil et l’exode de presque de 1 million de jeunes hongrois regretablement continuent. La plupart des hongrois n’ont pas le sentiment que l’aide promis rend service. Ils en ont assez des éspoirs qui ne se réalisent pas et des promesses des politiciens sorciers qui garantissent l’arrét proche de l’éffondrement économique.
Certains ministres apprentis ont promis il y’a 2 – 3 – et 4 ans, qu’á la fin de 2011, 2012, 2013 maintenant sempiternellement que l’économie va croitre de nouveau.
Enfin le déclin est toujours plus rapide, la performance économique a crescendo baissé:
Orbán disait que la fin de 2013 serait l’année du tournant. Ceci révéle étre déjá aujourd’hui un mensonge et illusion.
Ce qui se passe en Hongrie est choquant et honteux.
Ce qui est honteux également pour un pays européen, ce sont les scénes qui se déroulent dans les rues des grandes villes les fils d’attentes pour une soupe chaude aux haricots avec un morceau de pain. Depuis que Orbán est pouvoir, la crise a des effets dévastateurs sur la vie et la santé des hongrois et ceci á cause de 160 milliards de florints consentis á la constructions des stades