Inquiétudes sur l’indépendance de la recherche publique en Hongrie

Jusqu’ici épargnée par la reprise en main des institutions publiques par le parti Fidesz au pouvoir, l’Académie hongroise des sciences pourrait se voir dépecée de son vaste réseau d’instituts de recherche, selon une information de HVG.

Le gouvernement hongrois projetterait de centraliser le vaste réseau d’instituts de recherche actuellement sous la tutelle de l’Académie hongroise des sciences (MTA). Le budget alloué au fonctionnement de ces laboratoires (20 milliards de forint) devrait être réorienté au profit du ministère de l’innovation et de la technologie, selon une information de HVG. Prise de court par cette nouvelle, la direction de la MTA a décidé de se réunir demain en session extraordinaire pour débattre du sujet.

Selon HVG, la direction de la MTA considère cette initiative gouvernementale comme le premier pas vers une possible étatisation de la recherche publique en Hongrie. L’hebdomadaire de centre-gauche estime quant à lui qu’il s’agirait « d’une attaque sans précédent récent » contre l’autonomie de l’Académie des sciences. Le réseau d’instituts de recherche affiliés à l’Académie des sciences fournit actuellement un tiers de la recherche scientifique en Hongrie. Le site d’information Mérce redoute qu’une telle mise sous coupe par les pouvoirs publics fasse planer le risque d’une politisation des recherches menées dans le pays. « On peut craindre ainsi que certains domaines scientifiques ne soient plus financés », écrit notamment son rédacteur en chef András Jámbor.

La direction de l’Académie hongroise des sciences est désignée par une assemblée générale composée de représentants des académiciens et des docteurs. L’honorable institution fondée en 1825 est jusqu’à présent parvenue à se préserver de la « fideszisation » de l’État hongrois, du nom du parti conservateur au pouvoir. La direction actuelle, réunie autour du conservateur László Lovász, était par exemple montée au créneau pour défendre l’Université d’Europe centrale lors des mobilisation contre la « Loi CEU » en avril 2017.

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Ludovic Lepeltier-Kutasi

Journaliste, correspondant à Budapest. Ancien directeur de publication et membre de la rédaction du Courrier d'Europe centrale (2016-2020) et ancien directeur de la collection "L'Europe excentrée" (2018-2020).

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