Le recteur de l’Université d’Europe centrale, Michael Ignatieff, écrit dans une lettre ouverte que les autorités hongroises ont déjà pris la décision de pousser la CEU hors de Hongrie. Une semaine avant la date butoir, le gouvernement refuse toujours de signer l’accord qui permettrait le maintien de l’Université à Budapest.
« Pendant dix-huit mois, la CEU a cherché une solution pour rester en Hongrie, mais vos remarques indiquent que votre gouvernement a déjà pris sa décision. En tant que ministre, votre gouvernement et vous-même porterez la responsabilité du préjudice que vos décisions feront au système d’enseignement supérieur hongrois et à la réputation internationale du pays. » C’est par ces mots rédigés dans une lettre ouverte que le recteur de l’Université américaine présente en Hongrie depuis le milieu des années 90 a répondu aux accusations de Péter Szijjártó, le ministre hongrois des Affaires étrangères.
Lundi, Péter Szijjártó a en effet soutenu lors d’une conférence de presse que la CEU n’avait pas de réelles activités d’enseignement dans l’Etat de New York où elle est enregistrée. Or, c’est l’une des conditions imposées aux universités étrangères par la nouvelle législation adoptée au printemps 2017. « Ce sera évidemment le fondement sur lequel le gouvernement justifiera sa décision », anticipe Ignatieff, qui réfute pourtant cet argument : « Le département de l’Enseignement de l’État de New York a informé le gouvernement hongrois à plusieurs reprises que le CEU organisait des activités éducatives à New York ». Il rappelle aussi que des personnes du ministère hongrois des AE se sont rendus aux Etats-Unis au mois d’avril 2018 et en ont tiré la conclusion que la CEU avait mis en place des enseignements sur le campus du Bard College.
Michael Ignatieff ne semble guère avoir d’illusions sur l’avenir de l’Université d’Europe centrale à Budapest : « Vous avez clairement indiqué que le 1er janvier 2019, votre gouvernement forcera le CEU à quitter la Hongrie ». L’Université est d’ailleurs actuellement en cours de négociations avec la municipalité de Vienne afin d’y transférer tout ou partie de ses activités. Une manifestation est prévue pour la défense de la liberté académique ce samedi à Budapest. Ses organisateurs appellent le gouvernement hongrois à signer l’accord sur le maintien de la CEU, à mettre fin à la « censure dans l’enseignement supérieur et la recherche » et « assurer un enseignement et une recherche de qualité, accessibles, indépendantes et bien financées. » L’évènement facebook indique que plusieurs milliers de personnes devraient y prendre part.