Human Rights Watch pointe les violations des droits humains par le Bélarus et la Pologne et le silence de l’Europe

L’organisation non-gouvernementale Human Rights Watch a publié un rapport documentant les graves violations de droits humains commises des deux côtés de la frontière polono-bélarusse. Elle pointe aussi la passivité complice de l’Union européenne.

La crise se déroulant à la frontière entre le Bélarus et la Pologne conduit à de graves violations des droits humains commises à l’encontre des migrants et des demandeurs d’asile par les deux gouvernements, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport diffusé aujourd’hui.

« Bien que le Bélarus ait orchestré cette situation sans égard pour les conséquences humaines, la Pologne partage la responsabilité de l’énorme souffrance infligée dans la zone frontalière », a déclaré Lydia Gall, chercheuse auprès la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch.

« Des hommes, des femmes et des enfants sont victimes de refoulement sous forme de ping-pong de part et d’autre de la frontière depuis des jours et des semaines, par des températures glaciales, sans que puisse leur parvenir l’aide humanitaire bloquée des deux côtés et dont ils auraient tant besoin. »

« Le Bélarus a peut-être orchestré la crise, mais cela ne dispense en rien la Pologne et les institutions de la Commission européenne de respecter leurs propres obligations en matière de droits humains. »

Lydia Gall, HRW.

Selon HRW, le traitement que le Bélarus réserve aux migrants sur son sol « équivaut pour le moins à un traitement ou un châtiment inhumain et dégradant qui peut, dans certains cas, constituer de la torture en violation des obligations juridiques internationales du Bélarus ».

Quant à la Pologne, ses pratiques de refoulement « violent le droit d’asile selon la loi de l’UE, dont la charte des droits fondamentaux, créent un risque de refoulement en chaîne contraire au droit international des réfugiés et exposent les personnes à des conditions inhumaines et dégradantes, en violation de la loi polonaise et de l’UE ».

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Et l’Europe ?

Human Rights Watch pointe également la responsabilité de la Commission européenne qui exonère la Pologne de piétiner le droit international. « La Commission européenne n’a pas dénoncé publiquement la responsabilité de la Pologne relative aux abus et à la crise humanitaire à sa frontière, ni appelé clairement la Pologne à arrêter d’interdire aux médias et aux groupes humanitaires l’accès aux lieux où se déroulent les abus ».

« La Commission européenne devrait commencer à se montrer solidaire des victimes qui souffrent et meurent des deux côtés de la frontière », a estimé Lydia Gall, ajoutant que « le Bélarus a peut-être orchestré la crise, mais cela ne dispense en rien la Pologne et les institutions de la Commission européenne de respecter leurs propres obligations en matière de droits humains. »

Lire le rapport complet de Human Rights Watch (en anglais)

« Peu de voix s’élèvent au sein même de l’Union européenne », juge également la présidente d’Amnesty International France, Cécile Coudriou, dans une tribune publiée sur franceinfo. « Comment en est-on arrivé à un tel sommet d’inhumanité aux frontières entre la Pologne, la Lettonie, la Lituanie et la Biélorussie ? » questionne-elle. Et de développer : « D’abord parce que le dirigeant bélarusse Loukachenko a sciemment décidé d’organiser un voyage direct vers l’enfer pour des personnes déjà en détresse dans leur propre pays, en Syrie ou en Afghanistan par exemple. Ensuite parce que la Pologne, la Lettonie, la Lituanie mais aussi les autres pays de l’Union européenne choisissent de renier les valeurs fondatrices de l’Europe et leurs engagements internationaux en faveur du respect des droits humains. Face à l’arrivée de quelques milliers de personnes à leurs frontières, ils ont réagi comme s’il s’agissait d’une invasion ! » Selon elle, « les mesures prises par ces États sont à la fois indignes des valeurs de l’Europe et contraires au droit international des droits humains ».

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