Les médias pro-Fidesz en Hongrie voient d’un très bon œil la formation d’un gouvernement italien composé de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles MS5. Ils applaudissent la victoire des thématiques anti-migratoires et espèrent que la nouvelle donne politique transalpine donnera du fil à retordre à la Commission européenne et renforcera le front des pays « rebelles ».
Giuseppe Conte, un juriste de 53 ans novice en politique, a été nommé, mercredi 23 mai par le président du conseil italien pour conduire un attelage gouvernemental inédit formé par le Mouvement 5 étoiles MS5 et la Ligue (extrême-droite). En Hongrie, les médias pro-Fidesz se félicitent de cette nouvelle situation politique.
Dans un éditorial publié aujourd’hui dans Magyar Idők (proche du Fidesz), László Szőcs applaudit ces « Italiens qui n’ont pas voulu de ce grand néant qu’on appelle « vie politique européenne » » et salue le vote en faveur de « ceux qui ne chercheront pas à satisfaire les diktats de l’UE et les stupides oukases », « qui ne sont pas prêts à donner leur pays aux migrants d’Afrique (…) comme on donne sa place aux personnes âgées dans le tramway ».
Le site d’information gonzo format conservateur 888.hu titre quant à lui « L’Italie entre aussi dans le ring contre Bruxelles ». Pour Gábor Nagy, le message des élections italiennes est clair : « les Italiens ont dit non à l’immigration, à Bruxelles et à l’absence de perspective économique qui touche le pays depuis dix longues années ». Le journaliste s’en prend notamment à Silvio Berlusconi, coupable à ses yeux d’avoir empêché la formation d’une coalition conservatrice, mais se satisfait de l’alliance in extremis avec les grillistes du MS5. Selon Nagy, cet attelage inédit pourrait « apporter une réponse alternative aux lourds problèmes que connaît le pays ». « La coalition Ligue-MS5 pourrait achever définitivement la démocratie libérale en Italie », conclue-t-il.
Le jour précédent les élections italiennes du 4 avril, Mariann Őry, la toujours très véhémente responsable de la rubrique internationale du Magyar Hírlap, anticipait la victoire de la thématique migratoire. « La promesse d’une politique d’immigration plus drastique est porteuse de succès voire de victoires, tandis que le compagnonnage avec les migrants creuse la tombe des partis européens. Selon Berlusconi, l’immigration est une bombe sociale à retardement, tandis que la Ligue défend avec constance depuis des années une ligne anti-migrants », peut-on notamment lire dans sa tribune. Pour elle, la grande proximité entre les droites italienne et centre-européennes n’est pas feinte : « ce n’est pas un hasard si les dirigeants des deux partis ont soutenu sans ambiguïté la politique migratoire des quatre de Visegrád et particulièrement de la Hongrie ». D’ailleurs, Silvio Berlusconi et la présidente du parti nationaliste Fratelli d’Italia s’étaient tous deux prévalus du soutien du Premier ministre hongrois Viktor Orbán quelques jours avant les élections législatives.
Vers une lune de miel entre Rome et le groupe de Visegrád ?
La constitution d’un gouvernement « antisystème » en Italie, hostile à l’immigration et à Bruxelles, avait été ouvertement espérée par le dirigeant hongrois, Viktor Orbán. Dans son discours sur l’état de la nation fait le 18 février : « Nous sommes au bord de la victoire. Les pays du Groupe de Visegrád sont inébranlables. Le monde orthodoxe reste ferme et il semble que la Croatie soit revenue à la raison. L’Autriche s’est maintenant tournée vers le patriotisme et le christianisme. En Bavière, une résistance spirituelle et politique s’est développée sous la direction de la CSU. Peut-être qu’il n’est pas trop tard. Et nous attendons avec impatience le résultat des élections italiennes, et avec lui le tournant qui verra le retour à un gouvernement de bon sens, de l’identité nationale et culturelle italienne – et de Silvio Berlusconi. Forza Italia! ». Une fois les résultats des élections italiennes connus, Viktor Orbán avait fait part de son souhait de voir émerger un axe Rome-Vienne-Budapest, hostile à l’immigration. A un an des élections européennes, les adversaires de la Commission européenne peuvent se frotter les mains.