Les médias pro-Fidesz mènent une campagne ordurière contre deux juges dont ils exigeant la destitution, au motif qu’ils ont rencontré le nouvel ambassadeur des États-Unis.
Csaba Vasvári et Tamás Matusik, deux juges hongrois, membres du Conseil national de la magistrature (OBT), sont dans l’œil du cyclone. Les médias pro-Fidesz, le site Origo.hu en tête, réclament leur tête. Leur tort : avoir rencontré l’ambassadeur des États-Unis, David Pressman, arrivé récemment en poste à Budapest.
Les deux juges, accusés d’avoir « politisé » leur fonction, se défendent en expliquant qu’un ambassadeur n’est pas un représentant politique mais le chef d’une représentation diplomatique, qui représente donc son propre pays dans un autre État.
Dans un communiqué, ils rappellent que l’épouse de l’ancien député du Fidesz József Szajer, Tünde Handó, avait elle-même rencontré l’ancien ambassadeur américain David Cornstein, alors qu’elle était présidente du Conseil national de la magistrature.
L’ambassadeur David Pressman avait rapporté sa réunion avec les magistrats hongrois sur Twitter le 27 octobre.
L’OBT, écrit en réponse aux « articles inquiétants et propagandistes de ces derniers jours », que des dirigeants de l’administration judiciaire ont de tout temps rencontré des ambassadeurs et indiqué que Csaba Vasvári, l’un des deux juges incriminés, avait également rencontré Cornstein, l’ambassadeur nommé par Donald Trump.
Le président de la Kúria, András Zs. Varga, a écrit dans une lettre à la présidente de l’OBT, Eszter Bohli, que personne n’a n’autorisé les deux juges à exprimer « leur opinion critique » au représentant d’un autre pays, tout en concédant ne pas connaître le contenu de leurs entretiens avec l’ambassadeur.
Mauvaises relations Budapest-Washington
Les relations sont notoirement mauvaises entre le gouvernement de Viktor Orbán et l’administration de Joe Biden.
David Pressman, a été fraichement accueilli à Budapest lors de sa prise de poste au début du mois de septembre. L’objet de cette méfiance : il est un défenseur des droits des personnes LGBT+ et a condamné le déclin de la démocratie et de l’état de droit en Hongrie devant le Sénat US.
Invité vedette du festival de l’école d’élite du Fidesz, le Mathias Corvinus Collegium (MCC), à la fin du mois de juillet, le ministre des Affaires étrangères Péter Szijjártó s’est fait cinglant vis-à-vis du futur ambassadeur : « Nous vous demandons respectueusement de ne pas interférer dans les affaires hongroises, car cela ne vous regarde pas ».
Les petits coups de griffes américano-hongrois se passent aussi sur Twitter, où David Pressman a interpellé Viktor Orbán qui se réjouissait d’un message amical reçu de Donald Trump : « Alors que la Hongrie est confrontée à des défis économiques et que la guerre de Vladimir Poutine est à ses portes, le moment est-il venu pour une grande relation US-HU ? Maintenant. »
With Hungary facing economic challenges and Vladimir Putin’s war on its doorstep, the time for a great US-HU relationship? Right now. https://t.co/idaYsIF2NQ
— Ambassador David Pressman (@USAmbHungary) October 27, 2022