Les députés ont voté en début d’après-midi une proposition de loi gouvernementale restreignant l’implantation d’universités étrangères en Hongrie. Selon ses détracteurs, la mesure vise essentiellement l’Université d’Europe centrale (CEU), fondée par George Soros, ennemi intime de Viktor Orbán.
Avec 123 voix pour et 38 contre, les députés hongrois ont validé aujourd’hui en début d’après-midi la modification de la loi sur l’enseignement supérieur. Selon le ministre Zoltán Balog, son objet est de contraindre les universités délivrant des diplôme accrédités par des pays tiers à l’Union européenne « à faire l’objet d’un accord bilatéral entre la Hongrie et leur pays d’origine ». La mesure – surnommée « loi CEU » par ses détracteurs – concerne principalement l’Université d’Europe centrale, laquelle délivre à la fois des diplômes américains et hongrois.
Selon le secrétaire d’État László Palkovics, la modification de la loi « ne concerne pas l’intitulé hongrois de la CEU, seulement son statut en tant qu’établissement américain ». La disposition votée ce matin comblerait un vide juridique dans laquelle se trouverait l’Université d’Europe centrale : pour rester à Budapest après 2018, soit le double-cursus fait l’objet d’un accord avec Washington, soit la CEU devient entièrement hongroise. L’option d’un déménagement dans un pays voisin (beaucoup citent la Tchéquie) est également une piste envisageable.
Zoltán Balog a dit regretter que « la campagne internationale lancée par George Soros contre la Hongrie » focalise l’attention, appelant le milliardaire à éviter toute intrusion dans le débat. L’affaire, déclenchée par une annonce surprise la semaine dernière, a grossi tout le week-end, faisant descendre une dizaine de milliers de manifestants dimanche après-midi. L’opposition de gauche s’est également engouffrée dans la brèche et a dénoncé le coup porté à une institution reconnue au niveau international. Selon plusieurs dirigeants socialistes et écologistes, il faudrait voire derrière la manœuvre du gouvernement un règlement de compte politique entre George Soros et Viktor Orbán.
Pourquoi Viktor Orbán s’en prend-il à l’Université d’Europe centrale ?
Les groupes socialiste (MSzP) et écologiste (LMP) ont voté contre la disposition législative ; le groupe social-libéral (DK) et le Jobbik (extrême-droite) n’ont pas pris part au vote. Après la manifestation de dimanche, un nouveau rassemblement est prévu ce soir à 17h, devant le siège de la CEU sur Nádor utca.