Les nationalistes aux commandes à Budapest continuent de présenter « l’immigration de masse » comme une menace immédiate pour la survie de la nation hongroise. Ces derniers jours et dernières semaines, le gouvernement a annoncé plusieurs mesures qui lui font franchir un nouveau pas dans l’hostilité contre les migrants.

Une seconde clôture, celle-ci électrifiée
C’est la dernière mesure en date du gouvernement contre l’immigration illégale, annoncée au début du mois de mars. La construction d’une seconde clôture a débuté à la frontière entre la Serbie et la Hongrie. Elle est électrifiée, équipée de caméras, de détecteurs thermiques et de hauts-parleurs. Ceux-ci délivreront – selon Reuters – les messages suivants en anglais, en arabe et en farsi : « Attention, attention. Vous vous trouvez à la frontière hongroise. Si vous endommagez la clôture, traversez illégalement, ou tentez de traverser, cela sera considéré comme un crime en Hongrie. Vous êtes enjoints à ne pas commettre ce crime. Vous pouvez soumettre votre demande d’asile à la zone de transit« . 700 prisonniers ont été réquisitionnés pour sa construction et le coût total (comprenant les deux clôtures) annoncé par le gouvernement sera porté à 284 milliards de forint, soit près d’un milliard d’euros. (Cf. la vidéo d’Euronews en fin d’article).
L’état d’urgence à nouveau prolongé
Le gouvernement a aussi annoncé en même temps que la construction de la seconde clôture, par la voix de János Lázár, directeur du cabinet du Premier ministre, le maintien de l’état d’urgence en vigueur sur tout le territoire jusqu’au 7 septembre. Cela au motif que des dizaines de milliers de personnes se trouvent encore coincées sur la route des Balkans et incapables de retourner en Turquie.
Les demandeurs d’asile placés en détention dans des conteneurs
Mise à jour : cette mesure a été adoptée par le parlement hongrois mardi 7 mars.
L’information remonte au début du mois de février : le gouvernement a annoncé son intention de placer systématiquement tous les demandeurs d’asile en détention le temps de l’examen de leur demande d’asile. Cette mesure reviendrait à placer les nouveaux demandeurs d’asile et ceux déjà présents sur le territoire hongrois dans des camps de conteneurs de chantiers situés le long de la frontière avec la Serbie. Dans un entretien publié sur Hu-lala.org, Anikó Bakonyi du Comité Helsinki explique qu’environ 90 % des réfugiés se dirigent vers l’Europe occidentale dès l’ouverture de leur procédure. Amnesty International prévient que – si elle est adoptée par le parlement – cette mesure sera « en violation flagrante avec le droit de l’Union européenne et la Convention relative au statut des réfugiés de l’ONU« . L’ONG s’émeut de cette nouvelle étape franchie par le gouvernement hongrois dans sa politique d’hostilité aux migrants : « En proposant d’enfermer tous les demandeurs d’asile – hommes, femmes et enfants – et de les détenir pendant des mois dans des camps de conteneurs, la Hongrie franchit un nouveau seuil dans sa surenchère contre les demandeurs d’asile et les réfugiés ». Fait notable : même le site Sputnik, financé à 100% par le Kremlin et d’ordinaire très pro-Orbán, titre avec ironie sur « Cette Hongrie accueillante qui héberge les migrants dans des conteneurs« .
Des migrants maltraités par la police à la frontière HU-SR
Passages à tabac, brimades, insultes, humiliations, racket. De nombreux témoignages concordants sont recueillis depuis des mois par des journalistes, des associations et des ONG. « Presque chaque jour au cours des 9 dernières semaines, nos volontaires ont rencontré des réfugiés et des migrants traumatisés, nous racontant comment ils ont été violemment repoussés en Serbie par la police hongroise et détaillant diverses formes d’abus, d’humiliation et de mauvais traitements« . Voilà ce qu’écrit Fresh Response, une association à but non-lucratif basée à Subotica qui fournit un soutien aux réfugiés et aux migrants dans le nord de la Serbie.
Préserver « l’homogénéité ethnique et culturelle » de la Hongrie
La rhétorique xénophobe ne faiblit pas. Lors de son discours sur l’Etat de la nation en février, le Premier ministre a définit cinq menaces auxquelles devra faire face la Hongrie cette année. Au rang desquelles l’immigration illégale et les politiques de Bruxelles en la matière. Plus récemment, les paroles de Viktor Orbán tenues lors d’un discours la semaine précédente sur l’état de l’économie hongroise ont créent la polémique. Parmi d’autres considérations concernant le fait ethnique en Hongrie, M. Orbán a en effet estimé primordial de protéger « l’homogénéité ethnique et culturelle » de la Hongrie. Le Premier ministre a-t-il prononcé un discours raciste ? Beaucoup le pensent, à en croire les commentaires sur les réseaux sociaux et des tribunes publiées en réaction dans des magazines tels que HVG.
Sources : hungarymatters.hu, kormany.hu, Reuters