Européennes en Pologne : le PiS surnage au-dessus d’une opposition divisée

Un PiS en léger recul, une opposition renforcée mais divisée, et une jeunesse tentée par l’extrême-droite. Voici les principales leçons des intentions de vote pour les prochaines élections européennes en Pologne, selon un sondage Ipsos commandé par OKO.press.

Les élections européennes 2019 vues par Le Courrier des Balkans et Le Courrier d’Europe centrale

L’opposition serait en mesure de battre le parti au pouvoir Droit et justice (PiS) lors des élections européennes du printemps prochain, selon un sondage Ipsos commandé par OKO.press. Mais les différents partis de l’arc progressiste polonais, qui pèsent au total 44% des intentions de vote, ne parviennent toujours pas à se rassembler. Autre enseignement important : le PiS ne semble pas inquiété par l’apparition sur sa droite du « Mouvement Europe véritable » (Ruch Prawdziwa Europa), lancé par des proches du très médiatique père rédemptoriste Tadeusz Rydzyk.

Pologne : à l’extrême-droite du PiS, les ultra-catholiques en embuscade

Le PiS récolterait autour de 37% des suffrages si les élections européennes avaient lieu le week-end prochain, soit le même niveau de popularité qu’en juin 2017, mais qui marque néanmoins un recul de quatre points depuis août dernier. Le parti gouvernemental serait suivi de la « Coalition citoyenne » (KO), avec 26% des intentions de vote, et qui rassemble sur une même liste son rival de centre-droit Plateforme citoyenne (PO) et .Nowoczesna. En troisième position, le collectif autour du populaire ancien maire de Słupsk Robert Biedroń, récolterait quant à lui un peu moins de 8%, vampirisant néanmoins l’ancienne puissante formation sociale-démocrate SLD (4,7%), qui risque de ne pas pouvoir envoyer d’élus à Strasbourg. Également en queue de peloton : le mouvement populiste Kukiz’15 (6,1%), le parti agrarien PSL (4,8%) et l’alliance d’extrême-droite Mouvement national-Wolność (3,45%). Le « Mouvement Europe véritable » fait office de figurant avec moins d’un pour-cent des intentions de vote.

Schéma OKO.press

Dans le détail de la répartition des intentions de vote, le PiS semble pouvoir solidement compter sur les personnes âgées, les catégories populaires et les moins diplômés. A l’opposé du spectre sociologique, la Coalition citoyenne bénéficie du soutien des plus jeunes, des mieux éduqués et des groupes sociaux les plus aisés. Un profil finalement similaire à celui de la liste emmenée par Biedroń, qui partage également son inclination pro-démocratique et pro-européenne.

« Une jeunesse de plus en plus brune »

Le combat le plus intéressant a lieu dans la tranche d’âge 18–29 ans : aucune liste n’y dépasse le seuil de 20% des intentions de vote. Le duopole KO-PiS détient 38% des voix (18% pour le PiS, 20% pour la Coalition). Le reste demeure un champ d’affrontements entre les forces progressistes de Biedroń (13%), les populistes du mouvement Kukiz’15 (16%) et l’alliance Mouvement national-Wolność (11%). C’est d’ailleurs dans cette tranche d’âge que le vote pour le PiS est le plus bas, mais que les partis situés à sa droite font leur meilleur score. Autre marqueur générationnel : les intentions de vote pour le SLD, dépositaire de l’héritage du socialisme, ne sont même plus comptabilisés pour les 18-29 tant son score est insignifiant. Pour le journaliste d’OKO.press Piotr Pacewicz, « la jeunesse devient de plus en plus brune ».

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Przemysław Kossakowski

Doctorant à l'Institut de Philologie romane de l’Université de Gdańsk, traducteur.

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