Depuis la fin mars, le gouvernement hongrois, toujours épaulé par de nombreuses ONG, a centralisé l’accueil des réfugiés ukrainiens, en transit pour la plupart.
Les deux principales gares de Budapest, plateformes d’accueil des réfugiés ukrainiens en Hongrie, ont retrouvé la banalité du quotidien. Les populations ukrainiennes continuent certes d’affluer à Budapest, mais depuis trois semaines, le gouvernement hongrois a pris les choses en main en déménageant et en centralisant l’accueil des réfugiés de guerre au sein du hangar « BOK Sportcsarnok », non loin de la gare de l’Est.
Des bus assurent le transit depuis les gares jusqu’à ce grand hall où se reposent quelques centaines de personnes, toutes en transit via la capitale. Dans l’attente d’un train ou d’un avion, où elles seront conduits gratuitement en bus, les familles peuvent se reposer et se restaurer en confiant leurs enfants à des éducateurs venus spécialement s’occuper et jouer avec eux.

Les ONG jusque-là présentes dans les gares, comme l’organisme de charité de l’Église réformée et la Croix-Rouge, distribuent de la nourriture, tandis que des interprètes sillonnent le hangar pour être sûrs que chaque famille soit correctement orientée. Les réfugiés, roms pour la plupart, peuvent également avoir accès à une aide médicale, des cartes SIM gratuites, voire à des offres emplois dans le cas où ils décideraient de rester en Hongrie.
Des chiffres gonflés par les autorités ?
Le flux est désormais loin du niveau atteint durant les premiers jours de la guerre, et se stabilise autour des 4000 arrivées par jour, principalement depuis la Roumanie, où affluent les habitants du sud-est de l’Ukraine qui ont fui via la Moldavie. Selon l’UNHCR, l’organisme de l’ONU qui intervient en cas de crises migratoires, le nombre de réfugiés ukrainiens entrés en Hongrie depuis le 24 février s’établit à 425 000
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Le gouvernement hongrois communique, lui, le chiffre de 540 000 réfugiés à la fin mars. Des déclarations « trompeuses », estime le Comité Helsinki en Hongrie, alors que l’Union européenne va transférer des fonds aux pays d’accueil, au prorata du nombre de réfugiés sur leur territoire.
« Dans sa quête de fonds européens supplémentaires, le gouvernement hongrois utilise les chiffres les plus impressionnants qu’il puisse trouver. Pourtant, il doit en réalité faire face à un nombre bien inférieur puisqu’un nombre élevé de réfugiés ukrainiens continuent leur route vers d’autres pays », déclare Márta Pardavi, la coprésidente de l’ONG. Fin mars, seulement 8000 demandes officielles de « protection temporaire » – le droit d’asile n’existant plus en Hongrie – ont été déposées.
Gérer le transit
À l’inverse de la Pologne qui doit réfléchir à l’insertion de centaines de milliers de personnes, ainsi qu’à la prise en charge de leurs enfants, la Hongrie doit essentiellement gérer un flux de réfugiés en transit sur son territoire. L’ONG Migration Aid, créée en 2015 lors de la « crise des migrants », en est bien consciente, et a engagé tous ses moyens dans la prise en charge temporaire des familles.
« On s’est vite rendu compte que près de 90% des réfugiés ne restaient que quelques jours maximums en Hongrie, donc on a mis en place un système pour les mettre en contact avec des familles prêtes à les héberger », explique András Siewert, le fondateur de Migration Aid. L’ONG opérait directement depuis la gare de l’Ouest, où elle avait installé une tente et toute une équipe pour prendre en charge les arrivants. Elle opère maintenant depuis le BOK Sportcsarnok du gouvernement, et a même ouvert un centre d’accueil dans le nord de Budapest, qui offre le logement pendant trois nuits maximums.
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Alina et son fils de 16 ans Matvei logent au troisième étage dans une petite chambre ensoleillée. Originaires de Kharkiv dans le nord-est du pays, l’une des premières villes attaquées fin février, ils ont voyagé pendant trois semaines avant de trouver refuge dans la capitale hongroise. S’ils apprécient l’hospitalité et l’aide trouvées en Hongrie, ils ne comptent pas rester.
« Mon fils parle un petit peu anglais, mais ce n’est pas suffisant pour aller à l’école ici. On veut aller soit en Pologne, soit en Slovaquie, où il sera beaucoup plus simple pour lui et moi d’apprendre la langue et de nous intégrer », explique la mère de famille. La Hongrie a beau être devenu une terre de passage, elle reste, comme les Hongrois aiment à le dire, un îlot magyar dans un océan slave.