En décrochant 6% des voix aux élections législatives le 6 décembre, l’UDMR/RMDSz qui représente la minorité hongroise sera représentée au parlement roumain.

En dépassant le seuil de 5% des suffrages lors des élections législatives dimanche 6 décembre, l’Union démocratique magyare de Roumanie (UDMR, RMDSz en hongrois) pourra bénéficier d’une représentation au parlement à Bucarest au cours des quatre prochaines années.
Le principal parti politique de la minorité hongroise est sorti en tête dans quatre judets. A Satu Mare et Maros, l’UDMR obtient plus de 37 % des suffrages, nettement devant le Parti national-libéral (Partidul Național Liberal, PNL) et le Parti social-démocrate (Partidul Social Democrat, PSD). Dans les deux judets qui englobent le Pays des Sicules, où les magyarophones sont très fortement majoritaires, son score atteint 70% à Covasna et 86% en Harghita.
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Forte abstention et impasse politique
Au niveau national, le scrutin a été marqué par une très forte abstention. Seul un électeur sur trois s’est déplacé, ce qui ne constitue pas une surprise étant donné qu’au discrédit important qui frappe la classe politique il fallait ajouter cette fois les risques sanitaires liés à l’épidémie de Covid-19.
Les sociaux-démocrates du PSD ont créé la surprise en battant les libéraux du PNL au pouvoir (30% contre 25%). Former une coalition majoritaire au parlement s‘avèrera très compliqué.
Le premier ministre Ludovic Orban a remis sa démission à l’issue des résultats, mais son parti le PSD pourrait toutefois être en position de former la prochaine coalition gouvernementale avec l’Union Sauvez la Roumanie (USR-PLUS). Cette formation créée par des jeunes urbains novices en politique et dont beaucoup ont étudié à l’étranger, a obtenu près de 15% des voix.
L’UDMR, qui a déjà participé plusieurs fois par le passé au gouvernement, n’a pas exclu de s’allier avec le PNL. Mais même la coalition de ces trois formations ne permet pas d’atteindre la majorité parlementaire.
Il est à noter aussi la percée électorale de la formation d’extrême-droite L’Alliance pour l’unité des Roumains (Alianța pentru Unirea Românilor, AUR) qui a obtenu 9%.
Le Fidesz s’est immiscé dans les élections
Budapest n’a pas pu s’empêcher de s’immiscer dans le scrutin. Lors d’une visite à Târgu Mureş mercredi dernier, le ministre hongrois des Affaires étrangères Péter Szijjártó a assuré : « Je ne suis pas venu en Transylvanie pour intervenir dans la politique intérieure roumaine, la Hongrie est également sensible à ce genre de choses ».
Ce qui n’a pas empêché le chef de la diplomatie hongroise d’envoyer des messages téléphoniques enregistrés aux électeurs, dans les dernières heures avant le vote, pour les enjoindre à aller voter pour l’UDMR. « J’espère que vous êtes en bonne santé dans ces moments difficiles que nous traversons et alors que les Hongrois de Transylvanie font face à une tâche très difficile et sérieuse ». […] Le succès électoral du RMDSZ est crucial car « l’aide du gouvernement hongrois vaut bien plus si les Hongrois ont une forte représentation à Bucarest ». HVG rapporte que le message a aussi atteint des électeurs roumanophones, ce qui n’ont pas manqué d’être irrités par cette immiscions. Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a félicité Kelemen Hunor, le président de l’UDMR.