Une journaliste polonaise couvrant une manifestation en faveur du droit à l’avortement, lundi à Varsovie, a été interpellée puis « jetée dans un fourgon de police ».
« Aujourd’hui, une nouvelle limite a été franchie », a écrit Agata Grzybowska lundi soir à 23h en rentrant chez elle après avoir passé quelques heures au poste de police. « Alors que je faisais mon travail, en prenant des photos d’une manifestation devant le ministère de l’Éducation, témoigne-t-elle sur facebook, j’ai été agressée par un policier (uniquement parce que je lui ai mis le flash dans les yeux en le prenant en photo). Puis, malgré avoir montré ma carte de presse, j’ai été brutalement jetée dans un fourgon de police. Ils ont essayé de me dire que j’étais l’agresseur. J’ai ensuite été emmenée au poste de police de Wilcza, où j’ai été accusée d’agression sur un policier », développe-t-elle.
Cela s’est produit lundi 23 novembre, alors qu’un groupe de militantes de la « Grève des femmes » (Strajk Kobiet) organisait un happening consistant à disposer des symboles de ce mouvement féministe à l’entrée du ministère de l’Éducation nationale et durant lequel des manifestantes se sont enchaînées aux grilles.
Fotoreporterka zatrzymana przez policję podczas demonstracji. Zamach na wolność mediów? #OKOpress #policja @AgataGrzybowska pic.twitter.com/2Y08RcogiR— OKO.press (@oko_press) November 23, 2020
Le témoignage de cette photojournaliste reconnue par des prix et qui travaille avec le journal Gazeta Wyborcza et les agences Associated Press et RATS a suscité de nombreuses réactions. Le Press Club Polska a annoncé mardi qu’il avait déposé une plainte contre la police pour obstruction à la liberté de la presse et abus de pouvoir. « Une journaliste montrant la vérité et sa carte de presse semblent incarner l’ennemi de ce gouvernement », a commenté Kinga Rusin sur les réseaux sociaux, une présentatrice de télévision réputée. L’Institut international de la presse (IPI) et l’ONG Human Rights Watch ont également fait entendre leurs protestations en défense de la journaliste.
La police s’est défendue des accusations en pointant « l’agressivité » des manifestants présents dans le rassemblement organisé par la « Grève des femmes » et affirme que les agents qui l’ont interpelé n’avaient pas vu sa carte de presse, qu’elle a pourtant brandi, comme en atteste des images. Plusieurs représentants de la majorité au pouvoir, le PiS, ont laissé entendre que la journaliste devait avoir quelque chose à se reprocher.