En Pologne, la vague de chaleur donne un avant-goût de la crise de l’eau qui pointe

Alors qu’une grosse vague de chaleur sévit sur le centre et l’est de l’Europe, la Pologne s’inquiète des sécheresses récurrentes qui la touche en raison du changement climatique. La région de Łódź, au centre du pays, est même menacée de désertification.

Face à la vague de chaleur qui sévit sur la Pologne comme sur les autres pays de la région, et face à la forte augmentation de la consommation d’eau qui en résulte, la municipalité de Skierniewice a dû prendre des mesures de rationnement de l’eau. Dans cette ville de cinquante mille habitants, située au centre de la Pologne, à mi-chemin entre Varsovie et Łódź, il est interdit ces jours-ci d’ouvrir le robinet pour autre chose que satisfaire les besoins de base : boire, cuisiner, se laver. Les piscines et les fontaines publiques ont été mises à l’arrêt et des coupures d’eau ont été instaurées.

Mais les images de Skierniewice ne sont qu’un avant-goût de ce qui attend tout le pays et la situation est d’une gravité qui dépasse de loin le sort de cette petite ville. « La situation à Skierniewice n’est que le début de problèmes avec lesquels nous allons bientôt devoir nous débattre dans toute la Pologne« , a prévenu Marek Józefiak, qui coordonne la campagne sur le climat et l’énergie de Greenpeace. L’ONG en profite pour rappeler que les problèmes d’approvisionnement en eau sont liés au changement climatique et que celui-ci ne pourra être enrayé que par une réduction des gaz à effet de serre.

L’eau, au cœur des inquiétudes

Or le gouvernement polonais n’entend pas se passer du charbon et ne prévoit pas de fermer des mines comme celle de Bełchatów, une mine à ciel ouvert de charbon considérée comme la plus importante de toute l’Union européenne. Pourtant, il est au fait de la situation, puisqu’un rapport concocté par le ministère de l’Environnement, l’année dernière, anticipe lucidement la crise environnementale à laquelle le pays se trouvera confronté en raison du changement climatique.

D’après ce rapport, intitulé « Politique écologique de l’État à l’horizon 2030 », 90 % de la superficie de la région de Lodz devra se contenter de moins de 400 mm de pluie par an, soit un niveau équivalent à celui d’Athènes. C’est toute sa région qui se trouve menacée de désertification, en raison d’un couvert végétal plus faible qu’ailleurs en Pologne (21 % contre 49 % pour la voïvodie de Lubusz, à l’Ouest).

« Si rien ne change, notre pays fera face à une catastrophe environnementale. Les vagues de chaleur et de gel, les sécheresses, les inondations et les ouragans frapperont tout le pays« , alerte le rapport, qui anticipe des conséquences lourdes pour les secteurs de l’agriculture, la construction, l’énergie et les transports.

La question de l’eau, si prégnante en ces temps de canicule, est au cœur des inquiétudes car, comme le pointe le rapport, « les ressources en eau de la Pologne sont relativement faibles et leur utilisation est peu efficace« . Les épisodes climatiques violents ne permettront pas d’apports suffisants en eau en raison des capacités de rétention insuffisantes des réservoirs naturels et artificiels et à l’augmentation de la part des zones imperméables (les zones urbaines notamment).

Pourtant, en Pologne comme ailleurs en Europe, une part croissante de la population développe une conscience aiguë des enjeux climatiques et environnementaux qui se posent à l’ensemble de l’humanité. Vendredi 7 juin, soixante-dix jeune habitants de Łódź âgés d’une douzaine d’années ont organisé un happening : ils se sont couchés au sol mimant la mort, pour interpeller les passants et dénoncer l’inaction de la classe politique : « Voulez-vous cela pour vos enfants ? ».

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