En Hongrie, une vilaine affaire de corruption pourrait emporter la ministre de la Justice

Le vice-ministre de la Justice, Pál Völner, aurait trempé dans un système de pots-de-vin. Il a quitté ses fonctions mardi, mais l’opposition réclame la démission de la ministre de la Justice, Judit Varga.

Judit Varga et Pál Völner. Source : page facebook de Judit Varga.

L’affaire n’en est qu’à ses débuts et devrait connaître de nouveaux développements à l’avenir. Pour l’heure, l’on sait que le secrétaire d’État et vice-ministre de la Justice, Pál Völner, a dû présenter sa démission mardi après que le bureau du procureur général a demandé au Parlement de lever son immunité en raison de soupçons de corruption.

Pál Völner, qui est aussi député du Fidesz, est accusé d’avoir accepté des pots-de-vin du président de la Chambre des huissiers de justice (MVBK) en échange de ses services. Ces pots-de-vin prenaient la forme de multiples sommes d’argent de 2 à 5 millions de forints (5 500 à 13 700 euros) versées sur une période prolongée. 

Le directeur de la chambre hongroise des huissiers de justice, György Schadl, auraient « vendu » illégalement des postes d’huissier – extrêmement lucratifs – pour de l’argent tandis qu’un pot-de-vin était versé au secrétaire d’État, Pál Völner, qui était le commissaire responsable du secteur depuis 2019.

Les preuves contre 12 accusés sont très étayées. La police a enquêté de longs mois, surveillant et mettant sur écoute de nombreux suspects qui les ont conduits jusqu’au vice-ministre. Des milliers de pages de preuves, principalement des transcriptions d’écoutes téléphoniques, ont été recueillies au cours de l’enquête.

L’affaire est retentissante car c’est la première fois qu’un politicien de ce niveau est inquiété par la justice depuis que le Fidesz gouverne. La demande du procureur général Péter Polt de lever l’immunité du vice-ministre de la Justice a provoqué une onde de choc, d’autant que celui-ci est considéré par l’opposition comme un fidèle du Fidesz et un rouage essentiel de la corruption rampante dans le pays.

Selon l’hypothèse la plus partagée, l’enquête contre Pál Völner trouverait son origine dans un règlement de comptes interne au Fidesz.

Le piquant de l’affaire tient aussi au fait que Pál Völner a été l’homme clé de l’utilisation en Hongrie du logiciel d’espionnage Pegasus avec lequel le gouvernement hongrois a surveillé illégalement des journalistes et des adversaires politiques.

Les regards se tournent à présent vers la ministre de la Justice, Judit Varga, dont les partis de l’opposition réclament la démission, ce qu’elle refuse pour l’heure.

Corentin Léotard

Rédacteur en chef du Courrier d'Europe centrale

Journaliste, correspondant basé à Budapest pour plusieurs journaux francophones (La Libre Belgique, Ouest France, Mediapart).

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