En Hongrie, une critique d’Orbán doit quitter le groupe financier belge KBC

L’économiste Júlia Király, soutien de Péter Márki-Zay, a dû démissionner du conseil d’administration du groupe financier belge KBC après des pressions du gouvernement hongrois.

Júlia Király, économiste, ancienne vice-présidente du MNB sur le programme Partizán. 25 février 2021  Photo : Partizan Youtube / capture d’écran

Júlia Király, administrateur non exécutif et indépendant au sein du Conseil d’administration de KBC Groupe, a annoncé samedi sa démission, après que sa direction a reçu un « message de menace » de la part du gouvernement hongrois, a rapporté samedi le site du magazine HVG.

La faute de cette économiste, sous-gouverneur responsable de la stabilité financière à la MNB, la Banque centrale de Hongrie de 2007 à 2013 ? Avoir pris position en faveur de Péter Márki-Zay, désigné en octobre par six partis d’opposition comme leur candidat contre Viktor Orbán aux élections législatives l’an prochain.

« Même si c’était compatible avec ma position selon toutes les règles formelles, j’ai senti que m’afficher avec Péter Márki-Zay pouvait m’attirer des problèmes », a expliqué Júlia Király au média 444.hu. « J’avais donc signalé à KBC que je me produirai à ses côtés. Mais aujourd’hui en Hongrie vous ne pouvez pas être un simple citoyen. Il n’y a que des amis et des ennemis. Dans la situation politique tendue que nous connaissons, la banque a estimé qu’il valait mieux ne pas prendre de risque ».

Le groupe KBC a des investissements en Hongrie tant dans le secteur bancaire (K&H Bank) que dans le secteur des assurances (K&H Insurance). Il est propriétaire à 100 % de la K&H Bank, l’un des principaux acteurs du secteur financier hongrois.

Contacté, le groupe mis en cause a réagi dans un communiqué de presse : « Júlia Király […] a annoncé qu’elle souhaitait démissionner de son poste d’administrateur pour des raisons personnelles. KBC Groupe prend acte de sa démission ».

Le gouvernement hongrois avait déjà fait pression sur le groupe belge. Une première fois au moment de l’entrée de Júlia Király à son conseil d’administration en 2013, puis il y a quatre ans lorsqu’elle avait osé critiquer la politique monétaire du gouvernement.

« Les investisseurs d’Europe occidentale en Hongrie redoutent la colère du Premier ministre Viktor Orbán ».

« Le profit plus important que la démocratie et la liberté d’expression… », a commenté avec amertume sur Twitter le journaliste hongrois Szabolcs Panyi. « Les investisseurs d’Europe occidentale en Hongrie redoutent la colère du Premier ministre Viktor Orbán. Ils ont préféré couper les ponts avec les critiques de son gouvernement, sans quoi ils risqueraient d’être taxés et harcelés par les autorités ».

L’an dernier, une enquête de Szabolcs Panyi révélait la connivence entre Viktor Orbán et les grands industriels allemands, de l’automobile et de la grande distribution notamment. La chaîne Aldi avait par exemple fait disparaître de ses étals des journaux critiques du gouvernement.

Corentin Léotard

Rédacteur en chef du Courrier d'Europe centrale

Journaliste, correspondant basé à Budapest pour plusieurs journaux francophones (La Libre Belgique, Ouest France, Mediapart).

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