En Hongrie, « Télé-Orbán » reste dans le collimateur de l’opposition

Les députés de l’opposition au parti de Viktor Orbán ne lâchent pas l’affaire : ils continuent de réclamer la neutralité de la télévision publique et un traitement juste pendant la campagne des européennes.

Déjà vu feeling. Comme à plusieurs reprises au mois de décembre et de janvier, des députés issus des différents partis de l’opposition ont tenté de se faire entendre des patrons de l’audiovisuel public. Leur grief : la télé publique roule exclusivement pour le parti au pouvoir, le Fidesz, et ils veulent que cela change, qui plus est en pleine campagne électorale pour les élections européennes.

László Varju de la coalition démocratique (DK), Lajos Kepli, Balázs Ander et Anita Körösi Potocská de Jobbik, Bence Tordai de Dialogue, et bien sûr Ákos Hadházy, le député indépendant le plus déterminé d’entre eux à faire valoir leur cause. Telle est l’équipe parlementaire – dont on note l’absence de renforts venus du Partis socialiste (MSzP) et du parti Vert (LMP) – qui a tenté de pénétrer dans les locaux du siège de la MTVA, l’organisme qui centralise les médias publics du pays, situé dans le nord de Buda.

Au jeu du chat et de la souris, seule une poignée d’entre eux a réussi à déjouer le dispositif de sécurité. Il faut dire que celui-ci a été renforcé au début de l’année par une barrière métallique d’un coût de 30 millions de forint, soit 95 000 euros, selon HVG. Mais aucun n’a atteint le graal, la salle de rédaction, et encore moins son jeune et inaccessible patron, Dániel Papp, appointé à la tête de la MTVA au mois de septembre. Le même Papp qui s’était distingué dès avril 2011 en falsifiant le reportage vidéo d’une conférence de presse donnée par l’eurodéputé Daniel Cohn-Bendit pour mieux le diffamer.

« La télé ment ! »

Aux mois de décembre et de janvier, la télé publique a cristallisé pendant quelques jours la contestation qui s’était développée contre la loi sur les heures supplémentaires. Une manifestation réunissant jusqu’à plusieurs milliers de personnes scandant « La télé ment !» s’était déroulée sous son siège, alors que des députés tentaient d’accéder à l’antenne pour diffuser leurs revendications contre la loi dite « esclavagiste » et pour la fin de la propagande dans les médias publics.

Lundi, rebelote. Les parlementaires de gauche et de droite qui s’opposent au Fidesz réclamaient avant tout un traitement médiatique juste et équilibré de la campagne qui doit conduire aux élections européennes, dimanche 26 mai. De plus, ils demandent : que l’agence de presse nationale (MTI) cesse de boycotter leurs déclarations ; un système de nomination du président de l’audiovisuel public qui prenne en compte l’avis des partis minoritaires ; une réduction drastique de 70 % du colossal budget des médias publics au profit des hôpitaux et des écoles ; la diffusion de reportages rendant compte de l’utilisation des fonds européens.

Bref, autant de revendications qui ne sont pas arrivées aux oreilles et aux yeux des auditeurs et téléspectateurs des chaînes et fréquences publiques…

TVP en Pologne : télé publique ou télé d’État ?

Corentin Léotard

Rédacteur en chef du Courrier d'Europe centrale

Journaliste, correspondant basé à Budapest pour plusieurs journaux francophones (La Libre Belgique, Ouest France, Mediapart).

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