En Hongrie, on s’essaie aux blocages de routes pour se faire entendre

Samedi, une multitude de petites actions ont été organisées en province contre le gouvernement Fidesz et la loi « esclavagiste ». A Budapest en revanche, les manifestants ont essuyé un échec cuisant.

« Bloquons le pays ». Tel était le mot d’ordre des syndicats et des partis politiques pour ce samedi, nouvelle journée de grogne sociale après l’adoption de la loi controversée sur les heures supplémentaires, adoptée le 12 décembre et entrée en vigueur au début de l’année. Son succès est mitigé : le pays n’a pas été bloqué et l’on était très loin de l’ampleur annoncée par les syndicats, mais la contestation a essaimé dans des petites villes.

Une fois n’est pas coutume, l’important ne se déroulait pas dans la capitale Budapest mais en province où se sont déroulés de multiples rassemblements. Des centaines de gens se sont rassemblés à Pécs, Tatabánya, Miskolc ou encore Szolnok (liste non-exhaustive). Le site Mérce estime que l’on n’avait pas vu autant de manifestations simultanées dans les campagnes du pays depuis 2006, contre le gouvernement socialiste de Ferenc Gyurcsány.

A Salgótarján dans le nord du pays, dans une région très paupérisée du pays, environ deux cents personnes ont manifesté pour le retrait de la loi « esclavagiste » et pour demander des augmentations de salaires dans le privé et le public. Sur la place Széchenyi de Pécs, à l’opposé, dans le sud du pays, le syndicat des cheminots Vasas a mobilisé des citoyens qui ont scandé « nous ne serons pas des esclaves ! ». Idem à Tatabánya, dans le nord-ouest, où l’on a réclamé une hausse des salaires dans la fonction publique. Des syndicats de la fonction publique font miroiter une grève à la date très éloignée du 14 mars, mais ils devront avant cela négocier âprement avec le gouvernement, comme l’impose la loi.

Il n’y a pas eu véritablement d’axes bloqués, ni de rond-point occupés comme le font les « gilets jaunes » en France, mais en plusieurs endroits du pays, l’on a vu des rassemblements d’automobilistes sur les bords des routes, occupant partiellement la chaussée pour se faire voir. Plus d’une centaine de voitures à Szekszárd, une cinquante à Zalaegerszeg, une ville où aucune manifestation n’avait été observée depuis 2012, comme le rappelle Index.hu. À Keszthely aussi, les manifestants se sont installés sur une chaussée sur plus d’un kilomètre.

Couacs en série à Budapest

Les Budapestois se sont retrouvés en revanche complètement égarés par la multiplication des appels à rassemblements, parfois contradictoires. L‘idée de bloquer – au moins symboliquement – une multitude de lieux stratégiques dans la capitale n’a pas fait illusion longtemps. Seul un demi-millier de personnes a vaguement bloqué pendant un court moment le carrefour Oktogon avant de descendre l’avenue Andrássy et de traverser le Danube par le pont des chaînes pour rejoindre la place Clark Adam, épicentre de la journée.

Environ deux mille personnes se sont retrouvées devant le Várkert Bazár pour écouter des discours brefs, les punchlines de Blanka Nagy, une lycéenne de Kiskunfélegyháza dans le collimateur des médias pro-gouvernementaux, et le hip hop contestataire d’Áron Molnár aka noÁr. Dans la soirée, quelques centaines de personnes ont ensuite bloqué la circulation sur le pont des chaînes (Lánchíd) pendant plus d’une heure, avant d’être délogées sans violence par la police. Dix personnes ont été interpellées. (Voir le diaporama de Index.hu)

La plus grande incertitude règne quant à la suite du mouvement. Certains évoquent la date du 10 février pour manifester à nouveau, le jour où le Premier ministre Viktor Orbán doit faire son traditionnel discours sur l’état de la nation.

Photo : Index.hu

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