L’organisation humanitaire des Médecins Sans Frontières a annoncé quitter les régions frontalières entre la Pologne et le Bélarus en raison de l’obstruction de Varsovie et de « la volonté délibérée de l’UE d’empêcher les personnes de demander l’asile à ses frontières », déplore MSF.
Le flux migratoire qui s’est amplifié l’été dernier s’est réduit avec l’hiver et avec la militarisation croissante de l’espace frontalier, mais des migrants en provenance du Moyen-Orient tentent toujours d’accéder à l’Union européenne en franchissant la frontière polono-bélarusse.
« Des groupes de personnes survivent dans des températures inférieures à zéro, et ont besoin d’une assistance médicale et humanitaire de toute urgence », alerte Médecins Sans Frontières (MSF).
« Nous savons qu’il y a encore des personnes qui traversent la frontière et se cachent dans la forêt, ayant besoin de soutien, mais nous n’avons pas été en mesure de les aider en Pologne », déplore MSF dans un communiqué.
Pourtant, « empêchée à plusieurs reprises d’accéder à la zone frontalière par les autorités polonaises », l’ONG a décidé d’y cesser ses opérations de sauvetage.
Une zone d’exclusion qui court le long de la frontière avec le Bélarus a été décrétée par le gouvernement polonais au début de l’automne, tenant à l’écart les médias et les organisations humanitaires.
« Ces politiques sont un nouvel exemple de la volonté délibérée de l’UE d’empêcher les personnes de demander l’asile à ses frontières », estime l’ONG.
« La situation actuelle est inacceptable et inhumaine. Les gens ont le droit de rechercher la sécurité et l’asile et ne devraient pas être illégitimement repoussés vers la Biélorussie », a déclaré Frauke Ossig, coordinatrice d’urgence de MSF pour la Pologne et la Lituanie.
La Pologne n’est pas la seule en cause. « Les équipes de MSF ont travaillé en Biélorussie, en Lituanie et en Pologne en réponse à la crise, mais n’ont pas réussi à obtenir l’autorisation d’entrer dans les zones frontalières de ces trois pays, malgré des demandes répétées aux autorités concernées », explique MSF.
Les migrants qui arrivent à se frayer un chemin dans les forêts glaciales de Podlachie ne peuvent donc plus compter que sur la solidarité de certains habitants qui tentent de leur venir en aide, malgré l’hostilité de Varsovie.
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Au mois de novembre, l’organisation non-gouvernementale Human Rights Watch a publié un rapport documentant les graves violations de droits humains commises des deux côtés de la frontière polono-bélarusse, et pointé la passivité complice de l’Union européenne.
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