Emmanuel Macron à propos de Viktor Orbán : « je ne partage rien de ses valeurs »

Le président français a justifié ses réformes controversées en France par la menace pour l’Union européenne que représente, selon lui, le mouvement illibéral porté par le dirigeant hongrois Viktor Orbán.

Il a fallu attendre la toute fin des trois heures d’interview du président Emmanuel Macron avec Edwy Plenel de Mediapart et Jean-Jacques Bourdin de BFMTV, dimanche soir, pour entendre parler d’Europe.

– « Comment pouvez-vous refonder l’Europe avec d’anciens pays communistes opposés à l’accueil des réfugiés, l’Europe de Viktor Orbán et qui rappelle les discours d’avant-guerre ? », a questionné Jean-Jacques Bourdin.

– « Je le déplore comme vous, je ne partage rien de ses valeurs, mais il est là et il est élu. […] Vous avez en Europe une montée de ce que l’on appelle les démocraties illibérales. […] Je vois en Europe des démocraties qui s’habituent à la faiblesse, aux injustices, aux inégalités, aux colères, et qui voient monter les populismes, les dénoncent moralement mais sans s’attaquer à leurs causes. Et de l’autre des démocraties illibérales qui disent « vous voyez ces gens-là sont faibles, alors ne respectons plus la démocratie, affranchissons-nous de l’indépendance de nos magistrats, allons de l’avant », en Pologne, en Hongrie, certains en Roumanie, un peu partout en Europe, cela monte. »

Emmanuel Macron s’est une fois de plus prononcé en faveur de ce que l’on appelle l’Europe « à plusieurs vitesses » : « Nous avancerons avec ceux qui veulent bien avancer, ceux qui ne suivront pas devront accepter d’être aux marges de cette Europe, mais nous ne pouvons pas accepter de renier nos principes ou notre ambition pour ceux qui se mettent aux franges de l’histoire ».

En Hongrie, ces mots ont été repérés par le site Fötér et repris par 444.hu et Index.hu.

La relation entre les dirigeant hongrois et français était partie d’un très mauvais pied, lors du sommet européen au mois de juin 2017, peu après l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence en France. D’ailleurs, la Hongrie a refusé de prendre part aux « consultations citoyennes » sur l’Europe voulues par Emmanuel Macron, et qui ne suscitent guère d’enthousiasme ailleurs non plus.

Ces mises en garde répétées du président français contre l’illibéralisme cachent mal les propres tendances autoritaires actuelles du pouvoir en France. Lire Macron, rempart contre l’autoritarisme en Europe de l’Est ? et La victoire d’Orbán, un symptôme de plus du malaise démocratique

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