Élections européennes : vers une « fédération » des nationalistes polonais

Des parlementaires élus sur la liste Kukiz’15 et des cadres de différentes organisations polonaises ont annoncé leur volonté de s’unir d’ici les élections européennes du printemps prochain.

Les élections européennes 2019 vues par Le Courrier des Balkans et Le Courrier d’Europe centrale

Les élections européennes du printemps 2019 semblent inspirer les milieux nationalistes polonais. Le député Marek Jakubiak, ancien membre du mouvement « antisystème » Kukiz’15, s’est donné pour objectif de rassembler différents mouvements issus de la droite dure afin de former un nouveau parti d’ici ces prochains mois. La « Fédération pour la République » rassemblera vraisemblablement d’autres parlementaires autrefois membres de Kukiz’15, mais également des cadres issus de l’ONR (« Camp national radical »), du Mouvement national (Ruch Narodowy) et de la Jeunesse de toute la Pologne (Młodzież Wszechpolska).

Ce schisme au sein de Kukiz’15 s’explique principalement par une brouille survenue entre le chanteur de rock Paweł Kukiz, tête de liste du mouvement populiste en 2015, et l’aile droite du groupe parlementaire menée par Marek Jakubiak. Lors des manifestations de soutien à la loi sur l’Institut de Mémoire nationale (IPN), les partisans de ce dernier avaient soutenu le projet du gouvernement Droit et justice (PiS) et avaient mis la pression sur le président de la république Andrzej Duda afin qu’il ratifie le texte de loi. Leur mot d’ordre, « Retire ta kippa, signe la loi ! » (sic), avait entre autres été condamné par Paweł Kukiz, qui s’était publiquement excusé « d’avoir introduit des nationalistes dans la Diète ». Après la purge des parlementaires nationalistes, l’effectif du groupe Kukiz’15 est passé de 42 à 26 députés.

Robert Winnicki : « Nous sommes un parti national-catholique et eurosceptique »

Pour le vice-président du Mouvement national Krzysztof Bosak, le rassemblement des forces nationalistes pourrait déboucher sur un succès aux élections européennes. « Des groupes eurosceptiques sont nécessaires au Parlement européen pour contester ce qui se passe à Bruxelles », a-t-il notamment affirmé. Selon lui, la « Fédération pour la République » devrait être capable de rassembler entre 7 et 8% des suffrages, en siphonnant le socle électoral de Kukiz’15 et de la Ligue des familles polonaises.

Alors que Bosak aimerait tenir cette « Fédération » hors du champ de gravité du parti au pouvoir, l’ex-PiS et chroniqueur Paweł Kowal plaide au contraire pour un rapprochement des droites. Selon lui, le fait qu’Andrzej Duda et Mateusz Morawiecki aient négocié avec les nationalistes le bon déroulement de la marche du 11 novembre dernier montre à quel point les nationalistes polonais sont désormais considérés comme des interlocuteurs légitimes. « L’extrême-droite fait désormais parti du courant mainstream en Pologne », a-t-il fini par lâcher.

Pologne : à l’extrême-droite du PiS, les ultra-catholiques en embuscade

Przemysław Kossakowski

Doctorant à l'Institut de Philologie romane de l’Université de Gdańsk, traducteur.

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