Les élections législatives qui se sont déroulées samedi ont confirmé la chute du SMER de Robert Fico et l’atomisation du spectre politique. Igor Matovič et ses « Gens ordinaires », sur qui personne ne misait il y a un mois, sort largement vainqueur, mais qui pour gouverner avec lui ?
Après le décompte de la quasi-totalité des votes glissés samedi dans les urnes pour les élections législatives, le parti des Gens ordinaires (OĽaNO) sort largement en tête avec 25% des voix, loin devant la gauche populiste sortante, le SMER. Quatre autres partis ont atteint le seuil parlementaire de 5% et enverront donc des députés au Conseil national slovaque. Parmi eux il y a le parti d’extrême-droite Notre Slovaquie, mais qui n’a pas progressé.
Igor Matovič a donc réussi son pari, en recueillant un quart des voix (25%) avec OĽaNO. Lui qui, quelques jours encore avant le scrutin ne se voyait pas gouverner le pays, a écrasé l’élection au terme d’une percée fulgurante. Ce conservateur modéré doté d’une rhétorique anti-parti est celui qui a le plus capitalisé sur le rejet du SMER en l’affrontant directement lors d’une campagne réussie et marqué par les coups d’éclats pour dénoncer la corruption. Il comptera plus du tiers des députés au parlement, 53 sur 150.
En second avec 18,3%, le SMER n’a pas réussi avec ses promesses sociales à faire oublier les multiples scandales et le meurtre de Jan Kuciak et de Martina Kusnirová il y a deux ans. Avec 38 députés, il représentera toutefois la première force d’opposition à la Rada et reste en embuscade dans l’éventualité où le gouvernement échouait, ce sur quoi il compte. Toutefois, le rejet de sa figure forte, Robert Fico, semble indépassable.
Nous sommes une famille, Sme Rodina, de Boris Kollár, arrive en troisième position avec 8,2% qu’il va convertir en 17 députés. C’est à ce parti national-conservateur et populiste associé au groupe du Rassemblement national au niveau européen pourrait participer à la coalition gouvernementale.
En quatrième position, le parti néofasciste Notre Slovaquie n’a pas renversé la table, en obtenant 8%, un score très en-deçà de ce que laissaient espérer les sondages à son leader Marian Kotleba, le Fürher des Carpates.
Les conservateurs eurosceptiques de Liberté et solidarité (Sas), associé au groupe s des Conservateurs et réformistes auquel appartient le PIS polonais, obtiennent 6,2% et 13 députés.
Avec seulement 5,8%, le parti centriste d’Andrej Kiska Pour les gens (Za L’udi), prédécesseur de Zuzana Čaputová à la présidence de la République, aura 12 députés, loin de ses ambitions initiales au moment de sa création l’an dernier.
Coup de tonnerre, la petite alliance de centre-gauche, Progresívne Slovensko (PS) / SPOLU (Slovaquie progressiste / Ensemble) a échoué à envoyer le moindre député au parlement. Avec les 6,96% recueillis, elle échoue de justesse à atteindre les 7 % qu’une coalition doit recueillir pour entrer au parlement (contre 5% pour une formation seule). Cela représente un échec cuisant pour la présidente Zuzana Čaputová qui est issue de PS.

Quelle coalition ?
Igor Matovič a annoncé qu’il allait négocier avec Sme Rodina, de Boris Kollár, pour former un gouvernement. Mais le compte n’y est pas puisque les deux formations rassembleraient 70 députés. Il leur en manque 6 pour atteindre la majorité parlementaire. Il est exclu de faire coalition avec le SMER et avec L’SNS, c’est donc vers Liberté et solidarité et Pour les gens que devrait se tourner Matovič. Andrej Kiska a refusé de dire à l’issue du scrutin s’il compte ou non participer à cette hypothétique coalition gouvernementale.
Photo principale : Tomáš Benedikovič pour Dennik N.